Mangeons-nous tous du cheval ? Selon le ministre de la Consommation, Benoît Hamon, cinq filières ont en tout cas conduit à l'utilisation de viande de cheval à la place du bœuf en France. En plus de Spanghero, donc l'agrément sanitaire de commerce de viande a été suspendu, sont concernés Gel Alpes (fournisseur de William Saurin), Covi (un fabricant de corned beef), Davigel (une filiale de Nestlé) et Toupnot (un autre fabricant de corned beef, basé à Lourdes).
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• Une fraude généralisée ? Ces cinq là pourraient bien n'être qu'une partie émergée de l'iceberg. Selon Benoît Hamon, "il est possible qu'il y en ait d'autres". Les contrôles menés par la Direction de la répression des fraudes avant le début des campagnes de retrait ont révélé que neuf échantillons sur dix contenaient du cheval. La fraude semble donc généralisée, d'autant plus que d'autres pays d'Europe ont eux aussi trouvé du cheval dans leurs plats cuisinés. Royaume-Uni, Bulgarie, Portugal, Allemagne, Pays-Bas ont tous dû retirer des produits de la vente après la découverte d'un scandale similaire.
• Un système complexe. En cause, la complexité du circuit de la viande de cheval entre l'abattoir et l'assiette. Dans le cas de Davigel, par exemple, l'entreprise se fournissait au près d'un atelier allemand, qui utilisait de la viande italienne achetée via des traders allemands et hollandais. Pour Spanghero, le système était encore plus complexe : la viande, abattue en Roumanie, passait ensuite dans les mains d'un trader hollandais, puis dans celle d'un autre intermédiaire chypriote avant d'atterrir dans les mains de Spanghero. La viande était ensuite expédiée dans une usine luxembourgeoise pour y être transformée en lasagnes, avant d'être distribuée dans toute l'Europe.
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• Vers un renforcement des sanctions. Les entreprises mises en cause semblent toutefois avoir rapidement réagi après la révélation de cette fraude. Une deuxième batterie de tests menés depuis la révélation de l'affaire n'a fait ressortir que deux cas positifs à la viande de cheval, sur 40 échantillons prélevés. Pourtant, selon Benoît Hamon, "la crise n'est pas finie". Il souhaite en effet alourdir les sanctions contre les fraudeurs et demande un étiquetage obligatoire au niveau européen pour mieux identifier la viande. "La crise ne sera terminée que lorsque nous aurons changé les règles du jeu et que le consommateur pourra de nouveau avoir confiance dans ce qui est dans son assiette", estime Benoît Hamon.