Le terrible choix. Toute la famille de Vincent Lambert, un jeune homme tétraplégique et en état de conscience minimale depuis un accident, attend le jugement du tribunal administratif de Châlons jeudi matin. Une famille divisée : les parents s'opposent à l'euthanasie passive décidée par le corps médical en accord avec sa femme et une partie des proches. François Lambert, le neveu du trentenaire, a pris ce dernier parti. Pour lui, il l'a dit sur sur Europe 1, il faut le laisser mourir. "Je fais confiance à l'équipe médicale : elle a vu que Vincent refuse les soins, se laisse tomber de son fauteuil. (...) Vincent avait dit clairement qu'il n'aurait pas voulu vivre comme ça. Il était infirmier : il l'a dit à sa femme, à son frère, il connaissait ce genre de cas. C'était pas 'si j'étais dépendant de quelqu'un, je préfèrerais mourir', c'était "si je suis dans le coma comme ça, sans aucune vie, je ne vois pas de spiritualité là-dedans, je préfère mourir'", a confié François Lambert.
Dans la chambre d'hôpital de Vincent Lambert. "On ne peut pas du tout échanger avec lui : ce serait très prétentieux de notre part de dire qu'on peut échanger avec lui. Les meilleurs centres de France et un des trois meilleurs du monde ont essayé d'instaurer un code de communication avec lui mais aucun n'est possible : ses réactions sont incohérentes d'une fois sur l'autre. On a toujours l'impression qu'il a des réactions, on a toujours envie de les interpréter dans un sens qui nous arrange, ou de dire qu'il a envie, qu'il est avec nous. La réalité, c'est qu'il n'y a aucune communication", a poursuivi le neveu de Vincent Lambert.
Prêts à aller jusqu'au bout. Au sein de la famille, chaque "camp" est désormais prêt à aller jusqu'aux plus hautes juridictions, explique François Lambert. D'un côté donc, les parents du jeune homme refusent que les médecins arrêtent les traitements. De l'autre, sa femme qui veut le laisser partir. Pour François Lambert, la position des parents de Vincent s'explique par leur "idéologie". "Ce n'est pas leur faire un procès d'intention : dans ce pays, on peut être idéologue. Ils peuvent l'être : comme ils le sont, je peux l'être aussi. Ils le sont, ils ont une idéologie très claire là-dessus, ils ont défendu ça toute leur vie. Cette même idéologie contre l'avortement, l'euthanasie : quand on arrive, qu'on touche à leur fils, évidemment ils ne vont pas changer de discours", a-t-il déclaré.
Une longue procédure judiciaire. Le neveu de Vincent Lambert explique par ailleurs que, quelle que soit la décision du tribunal jeudi, le camp qui n'aura pas obtenu gain de cause fera sans doute appel. "La loi étant floue à ce niveau-là, c'est une jurisprudence qui s'écrit ! Les jurisprudences, ça ne se fait pas dans les tribunaux administratifs mais au Conseil d’État ou en cour de Cassation", glisse-t-il, avant d'ajouter : "On se dit que le tribunal doit prendre en compte que Vincent rentre dans la catégorie de la loi Leonetti. S'il ne le faisait pas, il faudrait aller au Conseil d'Etat, qui pourrait statuer différemment. Si le tribunal dit que Vincent rentre dans la catégorie de la loi Leonetti, les avocats des parents iront au Conseil d'Etat de toute façon."
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