Le 28 février 2010, 29 personnes ont trouvé la mort après la submersion d’une digue lors du passage de la tempête Xynthia à la Faute-sur Mer, en Vendée. Près de cinq ans après la catastrophe, la justice va tenter, à partir de lundi, de mettre en lumière les erreurs qui ont conduit à ce drame, touchant des habitants logés dans des zones qui auraient dû être inconstructibles.
Ce procès fleuve de cinq semaines, prévu jusqu'au 17 octobre, se tiendra aux Sables d'Olonne, avec plus de 120 parties civiles attendues. Le jugement sera rendu le 12 décembre.
Les faits. Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, une conjonction de phénomènes engendrés par la tempête Xynthia avait provoqué la submersion d'une digue et inondé des dizaines de maisons, construites dans une zone qui aurait dû être classée rouge, donc inconstructible, sur cette commune située sur une langue de terre coincée entre l'océan et l'estuaire du Lay.
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Les victimes, principalement des retraités, qui ignoraient pour la plupart le danger qui les menaçait, ont péri noyées, surprises en pleine nuit par la montée des eaux, emprisonnées dans leurs maisons ou emportées par les torrents boueux.
Le rôle particulier de la municipalité… Sur ces terrains, des lotissements avaient poussé, sans tenir compte des mesures de précaution, voire d'interdiction que les autorités réclamaient depuis des années au maire de l'époque, René Marratier, élu de 1989 à mars 2014.
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Certains appartenaient à sa première adjointe à l'urbanisme, Françoise Babin, et étaient notamment commercialisés par le fils de celle-ci, Philippe Babin, propriétaire d'une agence immobilière et également président de l'association chargée de l'entretien et de la surveillance des digues submergées la nuit de la catastrophe par la montée des eaux. La plupart des maisons construites dans ces nouveaux lotissements l'ont été par les entreprises de Patrick Maslin, aussi conseiller municipal et membre de la commission urbanisme de la commune.
…et d’élus poursuivis pour homicides involontaires. Ils sont tous les quatre poursuivis pour homicides involontaires aggravés et mise en danger d'autrui par violation manifestement délibérée d'une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence. Ils encourent cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
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Lors de l'audience, l’ex-maire René Marratier "veut pouvoir dire sa vérité", "il veut pouvoir répondre publiquement de ses actes, répondre aux accusations", a assuré son avocat, Antonin Lévy. "Il regrette que l'on ne lui ait pas dit clairement, que l'on ne lui ait pas expliqué simplement que des gens risquaient de mourir" s'il n'appliquait pas les mesures réclamées par les autorités, a assuré Me Lévy.
Les quatre premiers prévenus seront dans le box avec Alain Jacobsoone, à l'époque directeur départemental adjoint des Territoires et de la Mer, poursuivi pour homicides involontaires aggravés pour avoir négligé d'alerter le maire sur les dangers de la tempête qui s'annonçait.
Pour que "cela ne se reproduise plus"…"Nous attendons des réponses à nos questions", affirme Renaud Pinoit, président de l'association des victimes, l'Avif. "Pourquoi il y a eu 2,80 mètres d'eau dans certaines zones de La Faute ? Pourquoi 29 morts dans un si petit secteur ? Pourquoi nous n'avons pas été prévenus de cette tempête correctement ?"... Les victimes et leurs familles veulent "que ça ne se reproduise plus", affirme-t-il.
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… et "que les choses soient dites". Ce procès doit avoir "une valeur exemplaire", souligne l'ancienne ministre Corinne Lepage, avocate de l'Avif et de 120 parties civiles. Les parties civiles "veulent que les choses soient dites", affirme-t-elle, tout en soulignant dans cette affaire la "faiblesse de l'État", qui n'a pas su imposer à la commune des mesures pour éviter les constructions à risque.