L'INFO. Huit ans après, les familles ont finalement obtenu gain de cause. La cour d'appel de Rennes a décidé vendredi de renvoyer en correctionnelle deux policiers impliqués dans la mort de deux adolescents, Zyed et Bouna, en 2005 à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, au terme d'une course-poursuite. Trois semaines d'émeutes avaient suivi dans les banlieues françaises.
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Un nouvel appel ? "La chambre de l'instruction de Rennes vient de confirmer le renvoi de mes clients devant le tribunal correctionnel", a déclaré Me Daniel Merchat, avocat des policiers, après le rendu de l'arrêt. Le parquet avait constamment requis un non-lieu dans cette affaire, finalement renvoyée devant la cour d'appel de Rennes par la Cour de cassation. "Je suis personnellement surpris car je persiste à penser que les éléments constitutifs de l'infraction ne sont pas réunis", a réagi Me Merchat, en soulignant qu'un appel restait possible dans un dossier qui n'en finit plus. Les deux policiers sont mis en cause dans ce dossier pour "non-assistance à personne en danger".
Les faits. Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, sont morts électrocutés le 27 octobre 2005 dans un transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés lors d'une course-poursuite avec la police. Leur mort avait été le détonateur de violences urbaines qui s'étaient étendues à l'ensemble des banlieues françaises pendant trois semaines.
Un non-lieu en 2011... En octobre 2010, deux policiers avaient été renvoyés par les juges d'instruction chargés de l'enquête devant le tribunal correctionnel pour "non assistance à personne en danger" mais le parquet de Bobigny avait fait appel. Suivant les réquisitions du parquet général, qui estimait que les deux policiers n'avaient pas eu connaissance de la réalité du danger, la cour d'appel de Paris avait prononcé un non-lieu en avril 2011.
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...annulé par la Cour de cassation. Ce jugement d'avril 2011 a finalement été annulé en en octobre dernier par la Cour de cassation. Dans son arrêt, la juridiction avait estimé que la cour d'appel de Paris n'avait pas répondu à l'argumentation des parties civiles selon laquelle les policiers n'avaient aucune certitude que les jeunes ne se trouvaient pas sur le site EDF. Une phrase, prononcée par l'un des policiers lors des échanges radio le soir des faits, s'était notamment retrouvée au cœur des débats lors de l'audience devant la Cour de cassation, le 3 octobre : "S'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau."