A Evreux, le maire veut expulser les fichés S de sa ville

Les fiches S servent aux autorités lors d'arrestations et d'enquêtes. © AFP.
  • Copié
avec AFP , modifié à

L'élu (LR) a pris cette décision alors que le préfet a refusé de lui fournir la liste des personnes fichées S vivant sur sa commune.

Guy Lefranc est en colère. Le maire (LR) d'Evreux n'a visiblement pas apprécié la réponse négative du préfet de l'Eure à qui il demandait l'identité des personnes fichées S et vivant sur sa commune.

"Ma demande est légitime".  "Je suis en colère, je suis obligé d'exagérer un peu en demandant cette expulsion parce qu'on ne fait pas droit à ma demande parfaitement légitime de connaître les fichés S", a affirmé jeudi ce proche de Bruno Le Maire qui avoue "s'interroger" sur l'un de ses agents municipaux : " [cette personne] travaille avec un public fragile,  je ne sais pas si c'est un fiché S, je ne sais pas s'il est dangereux", a-t-il ajouté. "Puisqu'on est en état d'urgence il est du ressort du Premier ministre de publier un décret", donnant accès aux fichés S pour les maires, a estimé l'élu. En France, près de 20.000 personnes font l'objet d'une fiche S.

"L'État ne donne pas les moyens de protéger Evreux". Dans un premier courrier au préfet Thierry Coudert, début septembre, le maire avait fait valoir les efforts de sa ville en matière de sécurité et estimé qu'une connaissance des individus radicalisés de sa commune permettrait de mener une action de prévention encore plus efficace. Dans sa réponse, fournie à la presse par la mairie, le préfet avait souligné qu'en vertu d'un décret d'une loi datant de 2010, "aucune disposition règlementaire n'autorise la communication aux maires de la liste des personnes faisant l'objet d'une fiche S".

"Puisque l'État ne se donne pas les moyens de protéger la population d'Evreux, je demande que l'État expulse de la ville les fichés S", a réclamé, dans une seconde missive, l'élu républicain. Le maire d'Evreux s'est étonné que la ministre Najat Vallaud-Belkacem ait pu annoncer qu'elle disposait, elle, de la liste de fichés S concernant le personnel de l'Éducation Nationale. Selon lui, certains maires de tous bords ont eu connaissance, de façon confidentielle, des fichés S de leur commune, auprès des préfectures de leurs départements.