"Il a cherché la discrétion en venant à la pointe, mais c'est raté". Comme Joël, beaucoup d'habitants de l'île d'Yeu n'ont pas mis longtemps à démasquer "Monsieur Le Grand", comme le présente son permis de construire. Derrière ce pseudonyme se cache Philippe de Belgique, le roi des Belges, qui passe ses vacances en Vendée depuis plus de vingt ans. En 2019, il y a finalement acheté une maison, à un jet de pierre de l'océan, dans une zone naturelle. Une propriété de 7.000 mètres carrés qui sera bientôt dotée d'une annexe, objet de toutes les crispations.
"Une demande du préfet"
Car le chantier de la petite maison, de 40 mètres carrés, à côté de la villa du roi du plat pays, est tout simplement hors la loi, selon la législation de l'île. "L'annexe pose problème parce que l'on ne peut construire que 30 mètres carrés attenant à une habitation en zone naturelle", explique à Europe 1 Patrice Bernard, opposant municipal. "Tout type d'installation à usage privé, ce n'est pas possible."
Impossible, sauf si la demande de permis est accordée en haut lieu. C'est ce qui s'est passé dans ce dossier, selon le maire Bruno Noury, passablement gêné lors du dernier conseil municipal, fin janvier. "C'est un truc qui s'est imposé à nous, clairement. C'est une demande du préfet", a-t-il assuré.
Loger la garde rapprochée du roi
Le passe-droit a un goût amer pour de nombreux voisins du monarque. "Moi, j'habite 200 mètres à côté et on m'a refusé trois fois mon permis de construire pour mon garage 30 mètres carrés", souffle Jérôme. Alors que la colère monte, un nouvel argument est finalement entré en ligne de compte : dans un communiqué, le maire a dégainé l'imparable motif "défense et sécurité". Dans cette annexe logera en effet l'indispensable garde rapprochée du roi des Belges.