Plusieurs centaines de manifestants ont défié les forces de police samedi à Nice devant leur commissariat, après qu'une manifestante a été grièvement blessée la semaine dernière au cours d'un rassemblement interdit, une situation qui alarme les élus LR locaux, Eric Ciotti et Christian Estrosi.
Une confrontation sans incident. Parti de la gare en début d'après-midi, le cortège était composé de gilets jaunes et de militants de gauche et d'associations. Après avoir marqué un arrêt à l'hôpital Pasteur où est hospitalisée Geneviève Legay, la militante d'Attac septuagénaire bousculée par un policier lors d'une charge des forces de l'ordre le 23 mars, les manifestants se sont rendus à la caserne Auvare. Ils y ont demandé que le commissaire responsable des opérations la semaine dernière aille "en prison". La confrontation avec les forces de l'ordre a duré de longues minutes mais n'a donné lieu à aucun incident
Dans un communiqué, le maire de Nice Christian Estrosi réclame "un état d'urgence pour les policiers et les gendarmes". "Je tire le signal d'alarme: les forces de l'ordre sont au bord de l'épuisement et risquent de faire jouer légitimement leur droit de retrait. Je demande au gouvernement et au ministre de l'Intérieur de décréter un état d'urgence pour les policiers et les gendarmes et de réunir, au plus vite, l'ensemble des syndicats et des interlocuteurs (...)", indique l'élu. La veille, le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, avait annoncé avoir écrit au ministre de l'Intérieur pour lui demander de "défendre les policiers niçois insultés sur les réseaux sociaux" et de "déposer plainte à l'encontre des responsables des menaces et des insultes nominatives".
La manifestante blessée "dans le noir total". Lors de l'arrêt du cortège devant l"hôpital Pasteur, Delphine Parent, l'une des filles de Geneviève Legay, a pris la parole pour remercier les manifestants et demander de "penser aussi aux autres victimes". Elle a donné des nouvelles peu rassurantes de la santé de sa mère, qui souffre de "violents maux de tête" et reste plongée "dans le noir total".
Vendredi, le procureur de la République de Nice a ouvert une information judiciaire du chef de "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique" après qu'un policier a admis avoir écarté de son chemin Mme Legay lors de la charge. "Attention, il n'est pas question que ce policier prenne tout sur les épaules, il y a des donneurs d'ordres, il faut aller jusqu'en haut de la hiérarchie pour voir qui a donné l'ordre de charger", a estimé Mme Parent.