À Paris, les portraits tagués de Simone Veil nettoyés par l'artiste

Christian Guemy alias "C215", a nettoyé ces tags sous les yeux de Pierre-François Veil, fils cadet de Simone Veil. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à

"Ça ne pouvait pas rester comme ça" : l'artiste qui avait réalisé les portraits au pochoir de Simone Veil sur des boîtes à lettres à Paris a fait disparaître mardi les croix gammées qui les avaient recouverts.

L'artiste qui avait réalisé sur des boîtes à lettres parisiennes les portraits au pochoir de Simone Veil, grande figure européenne rescapée d'Auschwitz, les a débarrassés mardi des croix gammées qui les défiguraient.

"Vous pouvez compter sur moi pour les refaire à chaque fois". "Ça ne pouvait pas rester comme ça. J'ai gardé les matrices, vous pouvez compter sur moi pour les refaire à chaque fois". Penché sur le portrait au pochoir, Christian Guemy alias "C215", y va à l'éponge à vaisselle et frotte méticuleusement le tag avec la face-grattoir sous les yeux de Pierre-François Veil, fils cadet de Simone Veil.

L'affront fait à la mémoire de cette personnalité célébrée pour son engagement européen, première présidente du Parlement européen et promotrice des droits des femmes - la loi qui légalise l'avortement en France porte son nom - a stupéfait, après l'hommage qui lui fut rendu et son entrée début juillet au Panthéon, qui accueille les sépultures des personnalités ayant marqué l'Histoire de France. Jusqu'ici, Christian Guemy avait refusé de toucher les boîtes à lettres graffitées - qui épargnaient le portrait au pochoir - jugeant qu'il en va ainsi de l'art des rues. "Mais ce ne sont pas des tags ici, ce sont des marquages, comme on en faisait du temps des pharaons ou de l'occupation allemande pour signaler les Juifs", s'insurge-t-il.

"La société va mal", déplore le fils de Simone Veil. "Comment peut-on avoir ces idées-là ?" opine, incrédule, Pierre-François Veil. "La société va mal. Il ne faut pas laisser faire" ajoute-t-il en se tournant vers la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. "Comptez-sur nous, chaque fois on réparera", a-t-elle répondu. Les deux boîtes à lettres abîmées se trouvaient devant la mairie du 13ème arrondissement, dans le sud de Paris, surtout connu pour son quartier chinois. Des dizaines de boîtes similaires, dans d'autres quartiers de Paris, sont restées intactes.

Mais depuis samedi, plusieurs inscriptions antisémites d'une grande violence sont apparues sur les murs de Paris, en même temps que des croix gammées sur le visage de Simone Veil, déportée avec sa mère et sa sœur à l'âge de 15 ans dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Le même jour, un arbre dédié au souvenir d'Ilan Halimi, jeune homme de 23 ans décédé en 2006 après avoir été enlevé et torturé parce que juif, a été découvert scié en banlieue parisienne. Des actions qui ont suscité une vague de condamnations. Mardi, des anonymes ont déposé des fleurs au pied des portraits outragés de Simone Veil. Et son fils a reçu des mains de l'artiste un pochoir de sa mère.