À quelques heures du match de quart de finale entre la France et les États-Unis, notre journaliste Carole Ferry s'est rendue dans un stade foot, celui de Poissy dans les Yvelines. Elle est allée à la rencontre de jeunes joueuses de 12 à 16 ans qui s'entraînent, pour leur plus grand plaisir. Reportage.
"Des fois, je passe une semaine sans jouer au foot et ça me manque"
Une fois sur le terrain, crampons aux pieds, le plaisir est bien au rendez-vous. "C'est 90 minutes de bonheur", décrit Bintou, 15 ans. "90 minutes de stress, 90 minutes de peur, de joie." Et pour la jeune fille, ce bonheur ne se limite pas au temps d'un match. "À la cantine, dès que j'ai fini de manger, je vais jouer au foot avec les garçons. Ils ne me font pas tout le temps la passe, mais on essaie de prendre le ballon de force. Des fois, je passe une semaine sans jouer au foot et ça me manque. C'est une drogue pour moi", assure l'adolescente.
7h10 la passion foot des jeunes filles de ce petit club des Yvelines. @Europe1 avec @sebastienkrebspic.twitter.com/lG3WDQ4mps
— carole ferry (@caroleferry) 28 juin 2019
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Pour ces jeunes filles, le football peut aussi être un moyen de s'évader d'un quotidien pas forcément idéal. "Des fois, quand je suis triste, je vais sur un terrain et je me sens mieux", explique Baby, 12 ans. Avec un ballon au pied, même toute seule, elle se sent "libre". "Parfois, je suis fatiguée ou triste parce que j'ai eu une mauvaise note ou que j'ai fait une bêtise et le foot me remonte le moral".
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Le football, un "sport de garçons" pour certains parents
Pour les parents de ces footballeuses en herbe, cela peut être plus compliqué à accepter. "Au départ, quand je voulais faire du foot, ma mère n'était pas trop d'accord", raconte Adra, 16 ans. "Elle me disait que c'était un sport de garçon. Je l'ai harcelée en répétant que je voulais faire du foot et elle a fini par accepter."
Une résistance qu'Adra n'a pas vraiment rencontré avec son père, au contraire. C'est avec lui qu'elle regardera le match France-États-Unis. "Le football nous a beaucoup rapprochés", glisse-t-elle en précisant que ses frères et sœurs ne s'y intéressent pas. "On regarde les matches, on discute des différents joueurs, de leurs parcours, de leurs action. Et quand ils gagnent on crie. Et là, ma mère n'est pas contente."
Toujours des différentes entre équipes masculines et féminines
La joie et l'enthousiasme sont bien au rendez-vous du côté des pratiquantes. Pourtant, au sein de l'encadrement, il n'y a toujours pas d'égalité de traitement entre les équipes masculines et féminines. "Le mini-bus, on ne l'a pas du tout. Ce sont toujours les parents qui viennent nous aider", regrette Karine, la coach. "Il nous reste dix ballons pitoyables, alors que les garçons en ont des super à 300 euros. C'est la différence entre les filles et les garçons actuelle." Néanmoins la section féminine se développe. Il y a huit ans, il n'y avait qu'une seule équipe de filles à Poissy contre sept en 2019.
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