L’élection des délégués de parents d’élèves ne passionne pas les foules. Le scrutin, qui se tient vendredi et samedi dans les établissements publics et privés, n’a réuni que 47% des familles l’an dernier dans le primaire. Dans le secondaire, les chiffres sont encore moins élogieux : seuls 23% des parents s’étaient déplacés. Pourtant, les parents d’élèves disposent d’un poids non négligeable dans le système éducatif.
Quelles sont les missions d’un parent d’élève ?
À l’école primaire, on compte un délégué par nombre de classes dans l’école, soit 248.000 dans toute la France. Les délégués de parents d’élèves participent au "conseil d’école". Avec le chef d’établissement et les enseignants, c’est ce conseil qui vote le règlement intérieur de l'école, émet des décisions sur le fonctionnement de l’établissement (l’heure d’ouverture de la grille, les récrés, le nettoyage, la mise à disposition des salles, du gymnase etc) et débat de la vie scolaire. Actions pédagogiques et de prévention, intégration des enfants handicapés, restauration scolaire, hygiène scolaire, sécurité des enfants, activités périscolaires, sorties… sont autant de sujets sur lesquels le représentant des parents a son mot à dire.
Relai entre les familles, les enseignants et la direction de l’établissement, les délégués des parents d’élèves rencontrent aussi régulièrement les élus de la commune, sur l’utilisation des locaux ou tout autre sujet susceptible d’être remonté à la mairie. Dans le débat sur les rythmes scolaires et sur le retour - ou non - à la semaine de quatre jours, ils sont par exemple des acteurs incontournables.
Dans le secondaire, les représentants de parents siègent dans les conseils d'administration, aux côtés des équipes éducatives et de la direction. Il y en a cinq dans les lycées et établissements régionaux de l'enseignement adapté (sur 30 membres du conseil au total), six dans les collèges de moins de 600 élèves (sur 24) et sept dans les autres collèges (sur 30). Ce conseil fixe le projet d'établissement, le budget, le règlement intérieur, le plan de prévention de la violence ou encore les voyages scolaires. Plus largement, le conseil donne son avis (mais c’est la direction qui tranche) sur le choix des manuels scolaires, la création de cours en "option" ou encore l’achat de logiciels pédagogiques en tous genres.
Les délégués de parents d’élèves assistent également aux conseils de classe, où ils peuvent faire remonter des doléances de familles, concernant la méthode employée par un professeur par exemple. Et ils constituent un médiateur entre les parents et toute la communauté éducative, disposant d’une boite aux lettres dans l’établissement, de panneaux d’affichage et parfois même de locaux.
Faut-il être membre d’une Fédération pour peser ?
En théorie, tout parent peut se présenter à une élection. Le vote se fait par liste, et chaque liste doit comporter au minimum deux noms : un candidat et son suppléant. Jusqu’au début des années 90, la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves, classée à gauche) et la Peep (Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public, plutôt à droite) se partageaient la majorité des sièges. Mais elles ont perdu de leur influence. Depuis les années 90, elles réunissent moins de 20% des suffrages à elles deux (15% pour la seule FCPE en moyenne). Les associations locales et indépendantes trustent désormais la majorité des sièges.
"Dans les années 1970-1980, la politisation était encore forte. Les élections aux conseils de parents d’élèves étaient le théâtre d’un affrontement droite-gauche entre la Peep et la FCPE. Depuis […] leur influence globale a diminué", explique à La Croix l’historien Claude Lelièvre. "Les associations et listes non affiliées aux grandes fédérations totalisent depuis un certain nombre d’années les trois quarts des suffrages. Elles sont souvent plus investies sur des questions strictement locales que la FCPE et la Peep", poursuit-il.
Être présent dans une fédération offre tout de même un avantage : nourries de plusieurs décennies d’expérience, elles délivrent des formations pour pouvoir peser au sein des conseils d’administration, et disposent d’un réseau logistique plus efficace (elles fournissent des affiches, peuvent lancer des actions nationales, fournir des argumentaires etc.)
Pourquoi les élections n’attirent pas ?
Les associations de parents d’élèves sont unanimes : tous les établissements ne jouent pas le jeu de l’information. "Il reste des établissements où les professions de foi ne sont pas distribuées, et où l’on considère que moins il y a de parents dans les parages, mieux on se porte", déplore dans Le Parisien Pierre Bascoul, représentant indépendant dans le Val-D’Oise. En outre, des obstacles demeurent encore pour permettre aux délégués de peser, et donc de se rendre crédibles aux yeux des familles. "Les parents ne sont pas toujours suffisamment formés et informés sur les enjeux scolaires. Et les réunions sont trop souvent programmées à des horaires qui ne tiennent pas compte de leurs obligations professionnelles", explique l’historien Claude Lelièvre.
Durant sa campagne, Emmanuel Macron avait promis "d’ouvrir l’école" aux parents, en mettant en place notamment des réunions annuelles avec les enseignants et les familles. Pas sûr que cette promesse, qui peine pour l’heure à se concrétiser, suffise à attirer du monde dans les établissements pour voter.