Pour Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, cela ne fait aucun doute : les torts ne sont pas partagés dans l'affaire de la rixe qui a éclaté sur une plage de Sisco, le week-end dernier, entre des habitants de la commune et des personnes d'origine maghrébine. Ce sont bien les secondes, et elles seules, qui sont fautives.
Un groupe de "voyous". "Un groupe de personnes venu de l'extérieur de la commune a voulu privatiser une plage. Ils ont mis un panneau pour que personne ne descende. Lorsque des touristes, puis des jeunes de la commune sont venus se baigner, ils ont été chassés puis frappés. Ensuite, la population de la commune ne l'a pas accepté", a résumé Jean-Guy Talamoni, vendredi, au micro d'Europe 1. "Il s'agit véritablement d'un comportement de voyou, et pas de racisme." Sur le déroulé des faits, le procureur de la République de Bastia, Nicolas Bessone, donne effectivement raison au président indépendantiste de l'Assemblée de Corse. La responsabilité des incidents incombe "à l'évidence" à la famille maghrébine, qui a "voulu, dans une logique de caïdat, s'approprier la plage et la privatiser", avait précisé le magistrat cette semaine.
"Pas de réaction disproportionnée". Là où l'homme politique et la justice ne sont plus exactement sur la même longueur d'onde, c'est sur la suite des événements. Pour Jean-Guy Talamoni, "il n'y a pas eu de réaction disproportionnée" de la part des habitants de Sisco, "mais une émotion légitime et une volonté de mettre fin à ce qui était une dérive inacceptable". Nicolas Bessonne, en revanche, a souligné que la riposte des habitants était "scandaleuse", les accusant notamment d'avoir porté des coups à "une personne inanimée dans un brancard".
Collusion entre politique et judiciaire ? Reste la question d'une potentielle ingérence des pouvoirs publics corses dans le déroulé de l'enquête. Interrogé sur le fait qu'il était allé négocier en personne la remise en liberté des deux habitants de Sisco inculpés dans l'affaire, Jean-Guy Talamoni a botté en touche. "Je ne confirme absolument rien", a-t-il déclaré. En revanche, le président indépendantiste a reconnu avoir "pris un grand nombre de contacts à tous les niveaux", insistant sur le fait que le pouvoir politique avait plus d'informations que le pouvoir judiciaire. "Nous étions, nous, destinataires d'un grand nombre de renseignements concordants au moment où, semble-t-il, la police bénéficiait de moins de renseignements. Nous avions tous les éléments pour dire qui étaient les agresseurs, ce qui s'était passé."