Abus sexuels dans le patinage : aux championnats junior, les parents divisés

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Romane Hocquet, à Charleville-Mézières, édité par Thibaud Le Meneec

Les championnats de France junior de patinage, qui se déroulent ce week-end à Charleville-Mézières, interviennent dans un contexte extrêmement tendu pour un sport sous le feu des projecteurs depuis les révélations récentes de violences sexuelles. Là-bas, les parents sont divisés sur la libération de la parole et le cas Didier Gailhaguet, abordé lors du conseil fédéral, samedi.

Didier Gailhaguet pourrait-il être fixé sur son sort aujourd'hui ? Un conseil fédéral doit se tenir samedi matin et certains des membres souhaitent le départ du président de la fédération des sports de glace, qui, jusqu'à présent, a refusé de démissionner après les révélations sur des violences sexuelles commises depuis plus de trente ans. C'est dans ce contexte tendu que se tiennent ce week-end à Charleville-Mézières le championnat de France junior de patinage artistique. Et autour de la glace, les parents n'ont pas la même vision de la libération de la parole, ou du maintien en poste de Didier Gailhaguet. 

"On entend des trucs"

Patricia est la mère d'un patineur de 18 ans, qui concourt avec 50 autres jeunes de 15 à 18 ans ce week-end dans les Ardennes. "Je vous assure que quand on voit ce qu'il se passe, ça fait mal au ventre pour tous les enfants et tous les parents", confie-t-elle à Europe 1. Depuis les gradins, elle regarde son fils, qu'elle accompagne au quotidien depuis 10 ans, fendre la glace. "Je me suis dit 'ce n'est pas trop tôt'", répond-elle lorsqu'on l'interroge sur les révélations de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol sur les agissements de son ex-entraîneur Gilles Beyer.

"On a parlé de un, deux ou trois cas, mais je pense que c'est beaucoup plus important que ça", estime Patricia. "Encore une fois, il y a des bruits de couloir, il y a des choses qui se disent, on entend des trucs. Quand vous voyez des gamines arriver toutes maigres alors que trois mois auparavant elles étaient en chair et en os… En haut, ils font en sorte que ça ne reste que des bruits de couloir."

Ce qui choque Patricia dans cette affaire, c'est la froideur des instances et de Didier Gailhaguet. "Pas une seule fois ils ne pensent aux enfants, à se remettre en question", récrimine-t-elle. "C'est quand même énorme, ce sont nos enfants qu'on confie. Est-ce qu'on les laisse ou pas ? Si on ne peut pas faire confiance parce que là-haut, la machine elle suit pas, et bah qu'il sorte, qu'il s'en aille."

"Sarah Abitbol n'aurait pas dû parler"

À Charleville-Mézières, tous ne sont pas de son avis. Peu de parents, en tout cas, acceptent de répondre aux questions sur un éventuel maintien en poste de Didier Gailhaguet. "J'ai peur des représailles pour mon fils qui doit faire les JO", admet cette mère de famille. "Je ne veux pas attirer d'ennuis à mon club", glisse une autre.

Il y a aussi ceux qui préfèrent épargner Didier Gailhaguet. "Je ne veux pas personnaliser à son président, il a des responsabilités évidentes comme tous les présidents, pas plus pas moins", concède Pierre, l'un des parents présents aux championnats junior. "Tout ce qui regroupe des enfants attirent ceux qui leur veulent du mal… Mais encore une fois, ce n'est pas le patin, c'est tout les sports." Dans ce milieu, la stigmatisation du patinage agace les parents les plus impliqués. "Sarah Abitbol n'aurait pas dû parler", ose une maman. "Maintenant, ça nous fait du tort."