Son titre Bavure avait déclenché les foudres de plusieurs syndicats de police en septembre dernier. Le clip du rappeur Jo le Phéno a été jugé "outrageant" et incitant à "la haine contre la police". Alors samedi dernier, l'artiste parisien a posté un nouveau clip sur Youtube, intitulé Bavure 2.0, pour s'expliquer sur ces accusations.
Un clip comme droit de réponse. "J'incite personne à la haine, j'incite personne à tuer qui que ce soit. J'incite personne à se laisser faire. J'ai du coeur, des principes, des valeurs", clame le rappeur lors du refrain de ce nouveau clip. Ce qui ne l'empêche pas de revendiquer sa liberté d'expression et de décrire la procédure dont il fait l'objet comme une entrave. "Jetez vos bâtons dans mes roues, j'esquiverai", prévient-il. Le clip alterne images d'affrontements entre des forces de l'ordre et des manifestants et des plans tournés sur la place de la République, devenue symbole de la résistance citoyenne.
Le jeune homme de 22 ans est toujours dans l'attente de son procès pour son premier clip dont on apprend la date dans l'introduction de son nouveau titre intitulé Bavure 2.0. "J'en avais marre de passer pour un fou haineux. C'est une façon d’expliquer ma démarche", a-t-il affirmé aux Inrocks.
Dénoncer les violences policières. En juillet 2016, Adama Traoré, un jeune homme de 24 ans, meurt lors d'une interpellation musclée à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d'Oise. Une affaire qui en rappelle une autre à Jo, un "grand" de son quartier mort en 2007 dans un fourgon de police, racontent Les Inrocks. Inspiré, le rappeur qui bénéficie déjà d'une certaine notoriété dans son quartier des Amandiers, dans le 20ème arrondissement de Paris, enregistre un titre en septembre. Il y enchaîne les répliques provocantes : "J'pisse sur la justice et sur la mère du commissaire", "Sans hésiter, faut les fumer", "Où sont les condés ? On va les dompter". Un clip nommé Bavure, retiré de Youtube depuis, dont le refrain n'était pas passé pas inaperçu.
Un procès pour "provocation" et "injure".Plusieurs syndicats de police s'étaient alors plaints auprès de Bernard Cazeneuve, à l'époque ministre de l'Intérieur. Une plainte entendue par le ministre puisque Jo le Phéno est poursuivi en justice pour "provocation non suivie d'effet au crime et injure" pour son clip. Une première audience a lieu en février, en pleine "affaire Théo", ce jeune homme d'Aulnay-sous-Bois qui aurait été violé par un policier. Le procès de Jo le Phéno aura lieu le 27 septembre prochain.