Plusieurs dizaines d'agents pénitenciers manifestaient lundi matin devant la maison centrale de Clairvaux dans l'Aube pour s'opposer à sa fermeture, annoncée fin avril par le ministre de la Justice, a-t-on appris de sources concordantes.
"Urvoas m'a tué". "On est complètement catastrophé, anéanti. Clairvaux est l'emblème des prisons françaises, c'est mythique", s'est exclamé Frédéric Stoll délégué régional FO pénitentiaire. Avec plusieurs de ses collègues, ils filtrent depuis 7h lundi matin à l'aide de barrières les entrées et sorties de la centrale, tout en brûlant quelques pneus. Des banderoles "Non à la fermeture" et "Urvoas m'a tué" sont également accrochées sur les grilles. Des forces de l'ordre sont présentes mais "n'interviennent pas", a indiqué la préfecture de l'Aube.
"1.000 emplois" menacés. "La prison n'est absolument pas vétuste, comme l'a affirmé le ministre. On va la faire visiter dans la journée au directeur de son cabinet et à l'administration pénitencière", poursuit Frédéric Stoll. Selon le syndicaliste, outre les 200 agents du personnel pénitencier inquiets pour leur avenir, ce sont "1.000 emplois qui sont directement concernés" en cas de fermeture de la centrale d'arrêt. Il prévient qu'une nouvelle action est d'ores et déjà prévue mardi, ainsi qu'une manifestation à Bar-sur-Aube samedi.
"Vétusté et dégradation". En marge d'un déplacement fin avril, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas avait indiqué qu'en raison de sa vétusté, la maison d'arrêt de Clairvaux allait "vite" fermer. "Il nous faudra construire de nouveaux établissements (pénitentiaires) parce que la vétusté actuelle de beaucoup d'entre eux est incompatible avec la dignité de ceux qui y sont incarcérés et de ceux qui y travaillent", avait-il affirmé. "Ce sera par exemple le cas du futur centre pénitentiaire de Troyes, qui devra s'accompagner de la fermeture de Clairvaux, que j'annonce et confirme ici", avait-t-il ajouté. "Tous ceux qui connaissent l'état de vétusté et de dégradation de Clairvaux, construite sur le site d'une abbaye en 1804, me comprendront", avait souligné le Garde des Sceaux.