La rentrée scolaire s’accompagne, aussi, du retour des activités extrascolaires. La plupart des communes vont proposer dans les jours qui viennent (si ce n’est pas déjà fait) les traditionnels "forums" ou les "journées découvertes", pour aider les parents à trouver une activité extrascolaire pour leurs enfants. Mais il n’est pas toujours facile de choisir et de trouver le bon rythme, celui qui permettra aux enfants de profiter d’une activité sans se fatiguer ni compromettre sa scolarité. Comment doser ? Europe1.fr a posé la question à Claire Leconte, chercheure en psychologie de l’éducation et en chronobiologie, auteure du livre Des rythmes de vie aux rythmes scolaires: Quelle histoire !
Les activités extrascolaires sont-elles absolument nécessaires au bon développement de l’enfant ?
Non, bien sûr que non. Certains enfants trouvent parfaitement d’autres moyens pour se sociabiliser, se développer, se dépenser, en jouant avec d’autres, en lisant, par des activités manuels etc. Mais c’est vrai que d’autres ont besoin d’un cadrage, avec des règles, un accompagnement. C’est pourquoi il peut être intéressant de leur faire découvrir des choses à un âge très jeune, de leur faire essayer différentes activités pour voir si ça leur plait, si ça leur correspond.
Attention, toutefois, à ne pas les multiplier. Il est primordial, y compris à l’adolescence, que vos enfants conservent des temps de repos, à ne rien faire, sans écran, sans téléphone. Cela est nécessaire pour développer son imaginaire, apprendre à penser, à se détendre, observer. Avant de savoir s’il doit faire une activité, il faut s’assurer qu’il peut disposer de ce temps de repos. À partir de là, les activités extrascolaires peuvent devenir intéressantes.
Comment trouver le bon rythme entre repos et activités ?
Cela dépend de l’âge. Jusqu’au cours préparatoire, je pense qu’une activité, une fois par semaine, c’est suffisant. Ensuite, jusqu’à 7/8 ans, vous pouvez passer à deux activités. Je conseille, dans ce cas, de varier : un sport et une activité artistique, par exemple. Et si le sport est individuel, pourquoi ne pas essayer une activité artistique collective, comme le théâtre ? À l’inverse, s’il s’agit d’un sport collectif, il peut être intéressant de compléter par une activité individuelle, la poterie ou la musique, par exemple. Surtout, il est tout à fait déconseillé, au moins avant 9 ans, de pratiquer en fin de journée, après 17h ou 18h. Le mercredi et/ou le samedi paraissent donc les jours les plus adaptés.
À quel âge conseilleriez-vous de démarrer des activités extrascolaires ?
Il n’y a pas vraiment d’âge pour commencer. Vous pouvez, dès le plus jeune âge, les inscrire à des séances de "bébés nageurs" ou de "bébés gym" : cela se fait de plus en plus, cela implique les parents et aide à mettre les enfants en confiance. Ensuite, à quatre ou cinq ans, ils commencent à avoir une sensibilité et on peut commencer à leur demander leur avis sur ce qu’ils ont envie de faire.
Comment être certain de faire le bon choix d’activité ?
Je pense d’abord qu’il est important de ne pas induire le choix de l’enfant, de ne pas lui demander "ça te plairait de faire de la danse" ou "du foot ?". Dès 4 ou 5 ans, ils sont en mesure d’exprimer un choix. Vous pouvez participer à des journées "portes ouvertes" avec eux, les emmener voir des représentations, des entraînements ou des compétitions.
" Il ne faut pas hésiter à les amener tester des choses auxquelles nous ne pensons pas forcément "
Pendant les plus jeunes années, on peut se permettre d’expérimenter plusieurs choses, d’arrêter, de recommencer. Et il ne faut pas hésiter à les amener tester des choses auxquelles nous ne pensons pas forcément. J’ai le souvenir de journées ‘découvertes’ lors desquelles les enfants ont découvert le tir à l’arc. Le fait de se fixer et d’atteindre un objectif (la cible), de se maîtriser, d’acquérir une certaine adresse… Certains se sont découvert une vraie passion !
Le plaisir de l’enfant doit-il être le seul critère ? Certains parents cherchent peut-être une activité pour canaliser un enfant turbulent, ou pour le sortir de sa timidité par exemple...
Evidemment, cela peut être pris en compte. Mais il faut, a minima, en discuter avec l’enfant, lui expliquer ce que peut lui apporter l’activité. Ensuite, il faut être bien certain que cela fonctionne. Et ne pas hésiter à ouvrir ses perspectives. Certes, le football, le rugby ou les autres sports collectifs peuvent aider à sociabiliser votre enfant ou à lui faire prendre confiance en lui. Mais avez-vous pensé au théâtre ? Certes, les arts martiaux peuvent aider à acquérir de la discipline, respecter les règles. Mais toutes les activités, même artistiques, ne demandent-elles pas de la discipline et le respect des règles ? La plupart des associations proposent des journées d’essai. Je pense que cela peut être bien pour savoir si votre enfant se sent à l’aise, s’il est prêt à s’engager. Car si cela ne lui plait pas du tout, il risque de zapper complètement au bout de quelque temps.
Les activités extrascolaires demandent souvent des moyens financiers… Que conseilleriez-vous aux familles qui ne peuvent pas se le permettre ?
Dans chaque quartier de la plupart des villes françaises, il y a ce que l’on appelle des "centres sociaux". Ils ont une ouverture et un réseau énormes. Vous y trouverez des animateurs qui vous proposeront des activités tout à fait intéressantes, ou des personnes pour vous conseiller sur les activités de votre quartier. Pour ces enfants, c’est très important, c’est une question d’équité, pour ne pas qu’ils soient défavorisés par rapport aux familles plus aisées.