La défense des gendarmes mis en cause dans la mort d'Adama Traoré a dénoncé mercredi dans un communiqué le choix de la famille du jeune homme de privilégier une "justice médiatique" en ayant transmis à la presse un rapport médical contredisant les conclusions de l'enquête.
Un rapport peu fiable, selon les avocats des gendarmes. "Les conditions de l'établissement de ce document sont plus que nébuleuses et suscitent de légitimes interrogations notamment quant à la méthodologie adoptée et aux éléments portés à la connaissance des experts auto-proclamés", écrivent Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik.
Les avocats réagissent à la révélation mardi d'un rapport médical réalisé à la demande de la famille d'Adama Traoré, jeune homme de 24 ans mort après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016 dans le Val-d'Oise. Cette expertise de quatre professeurs des hôpitaux de Paris a été transmise lundi in extremis aux juges d'instruction parisiens alors qu'ils avaient bouclé leurs investigations mi-décembre sans avoir mis en examen les gendarmes. Cette décision faisait craindre à la famille un non-lieu dans ce dossier qu'elle a érigé en symbole des violences commises par les forces de l'ordre.
Des rapports qui se contredisent. Les médecins choisis par la famille s'accordent avec trois des quatre expertises précédentes pour attribuer le décès du jeune homme à "un syndrome asphyxique aigu". Ils invitent donc à "se poser la question de l'asphyxie positionnelle ou mécanique", ce qui tend vers une mise en cause de la technique d'interpellation des gendarmes. Mais ils excluent que l'état de santé antérieur du jeune homme de 24 ans ait pu en être à l'origine, comme l'affirme au contraire l'expertise médicale de synthèse remise aux juges en septembre.
Un "principe de loyauté" bafoué ? "Les parties civiles ont fait le choix d'une justice médiatique en communiquant à la presse un document censé discréditer l'expertise de synthèse confiée à un collège d'experts judiciaires figurant en procédure depuis près de six mois et n'ayant généré aucune demande de contre-expertise de leur part", poursuit le communiqué de la défense. "Les méthodes utilisées par les parties civiles vont délibérément à l'encontre du principe du contradictoire et bafouent le principe de loyauté qui s'imposent", insistent les avocats.
Ce nouveau rapport a été versé au dossier deux jours avant l'expiration du délai offert à compter de mi-décembre aux parties pour faire des observations ou des demandes d'actes aux magistrats instructeurs, avant les réquisitions du parquet et la décision finale des juges.