Adopter un enfant déjà grand ? «Aujourd’hui, je ne le referais pas», témoigne Sylvie

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Europe 1 Studio , modifié à

TÉMOIGNAGE - Sylvie, qui a grandi dans une famille nombreuse, a toujours voulu être mère. A 45 ans, alors qu’elle est célibataire, elle décide de se tourner vers l’adoption, qui lui semble alors être la dernière voie envisageable pour élever un enfant. Neuf mois plus tard, son vœu se réalise : elle reçoit un appel lui annonçant qu’une petite fille l’attend en Russie. Une petite fille déjà âgée de neuf ans. Dans le podcast “Dans les yeux d’Olivier”, elle raconte cette expérience.

Le jour où elle reçoit un coup de fil lui annonçant qu’une fillette l’attend en Russie, que son projet d’adoption est sur le point d’aboutir, Sylvie est heureuse. “J'étais partie sur un bébé, mais avec un peu de recul, ce n'est pas idiot du tout que ce n’en soit pas un parce que j'avais quand même plus de 40 ans. Ça aurait peut-être été un peu compliqué, surtout que j'étais seule”, pense alors Sylvie qui témoigne dans le podcast “Dans les yeux d’Olivier”. La première rencontre entre Sylvie et sa fille adoptive se passe comme dans un film. A peine entrée dans un bureau des services d’adoption en Russie, la fillette lui saute dans les bras. “C’est moi qu’elle a choisi alors qu’elle ne m’avait jamais vue. C’était juste extraordinaire, je pleurais”, se souvient Sylvie avec émotion. “Elle était toute joyeuse, ça se voyait qu’il se passait un truc pour elle. Et juste comme ça, c’était ma fille, j’étais sa mère.”

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“Neuf ans, c'était grand, mais je n'avais pas encore la dimension de ce que ça pouvait donner en termes de vécu pour l'enfant.”

15 jours plus tard, Sylvie ramène sa fille adoptive chez elle en France pour qu’elle y découvre sa nouvelle vie. Malgré des premières nuits difficiles, la petite s’accoutume petit à petit à son nouvel environnement. Mais elle laisse aussi transparaître un caractère bien trempé et déjà certains troubles du comportement. Très rapidement, mère et filles se retrouvent en opposition sur tout, tout le temps. “Les altercations entre nous commencent à s'ancrer. Ça en devient vite invivable. Rien ne peut se passer calmement, rien ne peut se passer dans le dans le discours et le dialogue.” En creux, Sylvie comprend que sa fille a peur qu’on l’abandonne à nouveau. Au micro d’Olivier Delacroix, elle confie : “Elle n’avait qu’une trouille pendant des années, c’est que je ne revienne pas le soir. Je pense que c’est ce qui l’a empêché de m’aimer complètement.”

En parallèle, la fille adoptive de Sylvie vit une scolarité compliquée. N’ayant pas connu l’école au-delà de la maternelle en Russie, elle est plus âgée que ses camarades de classe. La tendance monte. Parfois, elle se bat. Son rapport à l’autorité, lui aussi, est compliqué, et la fillette ne s’entend pas avec sa maîtresse. Sylvie explique encore : “Elle ressent toujours le besoin de maîtriser la relation. Elle a été obligée de se créer une carapace, parce que personne ne l’aimait jusqu’à maintenant, et elle n’arrive plus à l’enlever.”

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“Une fois, elle m'a dit : ‘pourquoi est ce que ma mère m'a abandonnée? Qu'est ce que je lui ai fait pour qu'elle m'abandonne ? Et pourquoi est ce que tu m'aimes, toi ? Je te mérite pas.’”

En grandissant, la fille de Sylvie vit une adolescence chaotique, rythmée par les rendez-vous chez les psychologues, puis les psychiatres. “Elle me disait qu’elle avait une ombre, un nuage, peut-être sa mère, qui la hantait et lui suggérait de faire des mauvaises choses. Puis que sa mère lui suggérait de mourir pour la rejoindre”, confie Sylvie. Plus elle devient autonome, plus la jeune fille est en perdition : elle se met à fumer, puis à voler, elle sèche les cours et fréquente des gens rencontrés dans la rue qui ont une mauvaise influence sur elle. Sylvie apprend aussi qu’elle a des comportements sexuels troublants. La jeune fille se scarifie aussi. Elle va jusqu’à essayer d’attenter à sa vie avec la codéïne fournie par le dentiste après son opération de dents de sagesse. A 20 ans, on lui reconnaît officiellement des troubles de la personnalité et du comportement, un handicap sérieux qui exige un suivi médical et un placement sous tutelle.

L’adoption a été une épreuve pour Sylvie. Dans le podcast, elle confie à Olivier Delacroix : “Elle a pris toute la place. Elle a envahi absolument toute ma vie, parce que ma fille, c’était ma priorité. Si j’avais baissé les bras, qu’est-ce qu’il en serait aujourd’hui ?” Bien qu’élever sa fille ait été pour Sylvie une véritable épreuve, celle-ci choisit d’y voir le positif : “Moi, j'ai rencontré une petite fille qui était quand même assez extraordinaire, qui m'a aussi apporté beaucoup, ce qui m'a fait grandir. Ça n'a pas pris comme je l'aurais voulu, mais. On n'a pas forcément toujours ce qu'on veut et il faut savoir l'accepter.”

Pour découvrir des visions différentes de l’adoption ou écouter d’autres témoignages intimes, retrouvez le podcast “Dans les yeux d’Olivier ” sur votre plateforme préférée.

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