Regain de tensions à Beaumont-sur-Oise. La mort d’Adama Traoré il y a quatre mois, lors de son interpellation par la gendarmerie, avait entraîné plusieurs nuits de violences dans cette commune du Val-d’Oise. Alors que l’enquête se poursuit toujours, de nouveaux heurts ont eu lieu cette semaine entre jeunes et forces de l’ordre, signe que la colère n’est pas retombée depuis.
Deux frères d'Adama Traoré en prison. Les tensions ont été ravivées par un nouveau conflit entre la sœur d’Adama Traoré et la maire de la ville : Assa Traoré reproche à Nathalie Groux d’être "du côté des gendarmes". La maire entend porter plainte pour diffamation. Lors du conseil municipal du 18 novembre où figurait à l’ordre du jour la prise en charge des frais de justice de la maire par la Ville, une manifestation devant la mairie a dérapé en affrontements entre les forces de l’ordre et un groupe de jeunes, dont deux frères d’Adama Traoré.
Ces derniers ont été interpellés et placés en détention provisoire mardi soir, dans l’attente de leur procès pour "outrages" et "violences" contre des policiers le 14 décembre. Le lendemain, un bus et six voitures ont été incendiés dans leur quartier par un groupe de jeunes. Mais tout le monde s'accorde à dire que cette dizaine de jeunes n’ont rien à voir avec la famille Traoré.
Climat de défiance. Jeudi soir, 200 personnes se sont réunies sur un parking de la ville. La sœur d’Adama Traoré a tenu à prendre la parole : "Aujourd'hui, si vous voulez nous aider dans le combat, ce n'est pas comme ça qu'il faut faire. Mais avant de dire est-ce que je suis pour cette violence, est-ce que la première violence a été punie ? Les gendarmes sont encore en liberté. C’est la mise en examen des gendarmes qu’on va demander". Le climat de défiance règne encore à Beaumont-sur-Oise, et 180 gendarmes étaient toujours positionnés dans la zone jeudi soir.
De son côté, la maire réclame la publication des résultats des deux autopsies dans leur intégralité, pour tenter d'apaiser les tensions. Quant à la gendarmerie, elle demande un système de vidéosurveillance dans le quartier et la présence d’une assistante sociale à leurs côtés. Des requêtes qu’ils pourront présenter jeudi matin puisqu’ils sont reçus au ministère de l’Intérieur.