"Choquantes", "accablantes" et "inadmissibles" : depuis l'éclatement de l'affaire Benalla, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier les images de la place de la Contrescarpe, le 1er mai dernier. Mais de quelles images parle-t-on ? Plusieurs vidéos, publiées au fil des jours, montrent les violences auxquelles se livre le collaborateur d'Emmanuel Macron, mais aussi les minutes précédant et suivant ces faits. Europe 1 fait le point.
La vidéo par laquelle le scandale éclate
Les premières images sont publiées dès le 1er mai au soir, sur le compte Twitter de Taha Bouhafs, ex-candidat de la France Insoumise aux élections législatives, qui se présente comme "militant des quartiers populaires". "Des policiers tabassent et gazent tout le monde place Contrescarpe", écrit le jeune homme en légende, prenant Alexandre Benalla, casque à visière et brassard "police" au bras pour un membre des forces de l'ordre. Longue d'un peu plus de deux minutes, la vidéo montre une charge des CRS en direction des manifestants.
ALERTA VIOLENCES POLICIÈRES
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) 1 mai 2018
DES POLICIERS TABASSENT ET GAZENT TOUT LE MONDE PLACE CONTREESCARPE !!
FAITES TOURNER IL FAUT QUE TOUT LE MONDE VOIT !!#ViolencesPolicieres#1erMaipic.twitter.com/Dabr6HHwyJ
Le collaborateur d'Emmanuel Macron agrippe une jeune femme par le cou et la contraint à s'éloigner du groupe. Pendant ce temps, les CRS font usage de gaz lacrymogène et maintiennent au sol un jeune homme. À leurs côtés se trouve Vincent Crase, employé de LREM, également présent en tant qu'observateur ce jour-là. Alexandre Benalla revient alors dans le champ de la vidéo, relève le jeune homme et lui inflige plusieurs coups. Son pied frappe le ventre du manifestant, sans que les images ne permettent de voir si ce geste est volontaire. L'homme qui filme la scène s'approche alors d'Alexandre Benalla et filme son visage. L'employé de l'Elysée tourne le dos et quitte le centre de la place, tandis que le manifestant se relève en se tenant le ventre.
C'est sur cette vidéo, restée en ligne plus de deux mois sans conséquence, que Le Monde a repéré Alexandre Benalla, publiant les premières informations sur cette affaire, mercredi 18 juillet dernier.
Le deuxième angle de vue
Le 19 juillet au soir, une deuxième vidéo d'environ une minute 30 est publiée sur le compte Twitter d'une utilisatrice baptisée "Sonia B-C". Filmée depuis l'autre côté de la place, elle donne à voir les gestes d'Alexandre Benalla après qu'il a écarté la jeune femme du groupe. Celle-ci est conduite dos à une vitrine, où le collaborateur de l'Elysée tente de la faire tomber par plusieurs mouvements de "balayette". Elle finit par s'asseoir par terre. Alexandre Benalla repousse du bras une cycliste qui semble vouloir s'adresser à la manifestante, puis la laisse avec Philippe Mizerski, major à la direction de l'ordre public et de la circulation (DPOC), censé encadrer "l'observation" du collaborateur de l'Elysée. Ce dernier tient la jeune femme par les bras tandis qu'Alexandre Benalla maîtrise violemment le jeune homme de la première vidéo, qui s'avérera être son compagnon.
1er mai, à la place de la Contrescarpe. Dommage qu'on ne parle pas aussi de cette jeune femme qui s'est fait violenter, elle aussi, par Alexandre Benalla avant que ce dernier s'en prenne à son ami. #AffaireBenalla#MyFirstTweetpic.twitter.com/IZpon8MnkD
— Sonia B-C (@scarletpolyglot) 19 juillet 2018
Les images qui précèdent les violences...
Dimanche 22 juillet, Libération révèle un nouveau film, tourné cette fois-ci avant l'intervention d'Alexandre Benalla. On y voit Alexandre Benalla et Vincent Crase, dans un premier temps situés en retrait du groupe de CRS avec Philippe Mizerski. De loin, ils assistent à une première charge des forces de l'ordre, à laquelle plusieurs manifestants répliquent. Parmi eux figure le couple, que l'on voit jeter au moins trois objets en direction des militaires. La jeune femme leur adresse aussi un bras d'honneur.
… Et celles qui les suivent
Une vidéo que s'est procuré Mediapart montre, elle, les images qui suivent les violences reprochées à Alexandre Benalla et Vincent Crase. Les deux manifestants, réunis et relevés, sont entourés de plusieurs CRS, qui échangent avec le collaborateur d'Emmanuel Macron. Les forces de l'ordre procèdent à l'interpellation du jeune homme et le menottent après de nouveaux échanges de coups.
Et les images de vidéosurveillance ?
La scène a également été filmée par les caméras de vidéo protection de la ville de Paris, qui font l'objet d'une enquête dans l'enquête : trois policiers, dont deux commissaires, sont mis en examen pour avoir transmis cette vidéo à Alexandre Benalla après l'éclatement de l'affaire. "Moi, je ne l'ai pas demandée", a affirmé le principal intéressé au Monde, indiquant que "quelqu'un à la préfecture de police" lui avait proposé de la lui fournir "pour [se] défendre" et qu'il l'avait remise à un "conseiller communication" de l'Elysée. Celle-ci n'est pas visible en ligne à ce stade. Mais selon Mediapart, elle a été diffusée "par des comptes Twitter soutiens du parti la République en marche, durant la nuit du 18 au 19 juillet, après la publication du premier article du Monde". Elle serait restée en ligne "quelques heures" pour "riposter aux accusations".
Mediapart publie des captures d'écran de ces publications, sur lesquelles on voit des manifestants, de dos, jetant des projectiles. Il est impossible d'y reconnaître le couple, qui n'a finalement fait l'objet d'aucune poursuite.
De nouvelles vidéos filmées avant les faits
Les investigations visant Alexandre Benalla et Vincent Crase ne portent désormais plus seulement sur les faits de la place de la Contrescarpe. Lundi 30 juillet, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une nouvelle enquête pour "violences volontaires en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique" notamment, pour d'autres violences commises le 1er mai dans l'après-midi, au jardin des Plantes de Paris. Une vidéo diffusée par Libération y montre les deux hommes interpeller plusieurs manifestants.
Mediapart et Franceinfo ont également publié une vidéo filmée au jardin des Plantes, où deux hommes ressemblant fortement à Alexandre Benalla et Vincent Crase traînent un manifestant au sol.
Ces images mettent à mal la défense de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron, qui a affirmé au JDD n'avoir procédé à aucune interpellation au jardin des Plantes. "J'étais derrière les policiers en observateur, on peut le voir distinctement, je n'ai ni brassard ni casque radio", a-t-il assuré.