La ministre du travail Muriel Pénicaud a été placée sous le statut de témoin assisté après plusieurs d'heures d'audition mardi matin chez les juges qui enquêtent sur le déplacement controversé organisé en 2016 pour Emmanuel Macron à Las Vegas, a appris l'AFP auprès de son avocat.
Une enquête pour "favoritisme et recel de favoritisme". La ministre est repartie vers 14h15, cinq heures après son arrivée au pôle financier du nouveau palais de justice, dans le nord-ouest de Paris. Muriel Pénicaud évite donc à ce stade une mise en examen dans cette enquête pour "favoritisme et recel de favoritisme" visant Business France (BF), l'agence de promotion de l'économie française à l'étranger dont elle était directrice générale à l'époque. Interrogée à la sortie du tribunal, la ministre n'a pas souhaité faire de commentaires.
Le 6 janvier 2016, Emmanuel Macron, ministre de l'Économie qui cachait de moins en moins ses ambitions présidentielles, avait rencontré des centaines d'entrepreneurs français lors d'une soirée au Consumer Electronics Show (CES), grand-messe de l'innovation technologique. Contrainte de monter cette opération de plus de 300.000 euros en urgence sous la pression du cabinet du ministre, BF l'avait intégralement confiée à l'agence Havas, sans recourir à la mise en concurrence prévue par le code des marchés publics pour de telles sommes.
Havas affirme au contraire avoir été sollicité légalement en vertu d'un contrat-cadre signé six mois plus tôt avec BF et qui lui octroyait une forme d'exclusivité. Pour l’événement, l'agence avait perçu 289.019 euros, après renégociation.
Les enquêteurs cherchent néanmoins à déterminer si Havas a pu être favorisé par rapport à ses concurrents et si Muriel Pénicaud a eu connaissance en amont des modalités d'organisation et d'éventuels dysfonctionnements, ce qu'elle a toujours nié.
Une mise en examen reste possible. Même si les juges peuvent revoir leur position et prononcer ultérieurement une mise en examen, ce statut de témoin assisté est pour l'instant à l'avantage de la ministre, dont le vaste projet de loi sur la formation, l'assurance chômage et l'apprentissage arrive en commission à l'Assemblée dans une semaine.