Bernard Tapie sera-t-il bientôt renvoyé devant le tribunal ? Lundi, la cour d'appel de Paris se prononce dans le dossier pour "escroquerie en bande organisée", et le choix de l'arbitrage qui a abouti aux 404 millions d'euros perçus pour solder son litige avec le Crédit lyonnais.
Il y a six mois, le parquet de Paris a requis le renvoi de Bernard Tapie devant le tribunal correctionnel pour "escroquerie en bande organisée" et "détournement de fonds publics", avec cinq autres protagonistes. Le parquet est convaincu que les dés étaient pipés quand la solution de l'arbitrage a été choisie il y a dix ans, et parle de "collusion frauduleuse" avec le juge Estoup et l'avocat Lantourne. Mais l'homme d'affaires, qui a révélé souffrir d'un cancer de l'estomac, a l'intention de faire entendre ses arguments jusqu'au bout.
Bernard Tapie a eu l'occasion de s'expliquer à maintes reprises, comme pendant ces quatre jours de garde à vue, à l'été 2013, avant sa mise en examen. Cette fois, le camp Tapie a mis de côté provisoirement les questions de fond, et c'est sur des prétendus manquements à la procédure que l'homme d'affaires et ses avocats se battent. Ils avancent notamment qu'une partie de l'enquête policière est nulle et non-avenue.
Si la cour d'appel de Paris donne raison à l'homme d'affaires, le dossier peut se vider de sa substance. Dans le cas contraire, les juges d'instruction pourront ordonner un procès, ce qui n'empêchera pas Bernard Tapie de saisir la cour de cassation. L'ancien patron d'Adidas, 75 ans, cherche-t-il à gagner du temps ? Certains parlent de manœuvres dilatoires, mais ses avocats s'en défendent. Malgré la fatigue, visible sur un visage affaibli la semaine dernière à Bruxelles, Tapie ne lâchera rien dans son combat face aux juges qu'il a, à demi-mots, accusés d'être responsables de son cancer.