Le procès pour corruption de l'ancien président Nicolas Sarkozy dans l'affaire des "écoutes" reprendra lundi, le tribunal correctionnel de Paris ayant rejeté jeudi la demande de renvoi, pour raisons de santé, de l'un de ses co-prévenus. Une expertise médicale ayant conclu que Gilbert Azibert, 73 ans, était apte à comparaître, le tribunal a rejeté sa demande de renvoi et ordonné qu'il comparaisse "en personne" lundi à 13H30, avant de suspendre à nouveau l'audience jusqu'à cette date.
Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison
Pendant les brèves suspensions, Nicolas Sarkozy - en costume sombre et masque chirurgical sur le visage - a semblé détendu, plaisantant avec ses avocats ou conversant avec des journalistes. A la sortie de l'audience, l'avocat de Gilbert Azibert, Me Dominique Allegrini a regretté un examen médical "sommaire". "Le tribunal a pris sa décision, elle s'impose", a-t-il toutefois relevé. "Quoi qu'il en soit et malheureusement quoi qu'il en coûte, nous allons poursuivre les débats à compter de lundi", a déclaré Me Allegrini.
Avant d'entrer dans le vif de l'affaire, le procès démarrera avec d'âpres questions procédurales soulevées par la défense. Retiré de la politique depuis sa défaite à la primaire de la droite fin 2016 mais toujours très influent chez Les Républicains, Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, comme ses coprévenus jugés en sus pour violation du secret professionnel. Tous contestent un quelconque "pacte de corruption".
Soupçons de corruption
Le procès, qui doit durer trois semaines, est inédit : jamais un ex-chef de l'Etat n'a été jugé pour corruption sous la Ve République. Avant Nicolas Sarkozy, un seul ancien président, Jacques Chirac, a été jugé et condamné en 2011 dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, mais sans avoir jamais comparu devant ses juges, du fait de son état de santé. Nicolas Sarkozy, 65 ans, était lui présent lundi. Il avait dénoncé avant l'ouverture du procès un "scandale qui restera dans les annales" et assuré qu'il ferait "face à (ses) obligations" en s'expliquant devant le tribunal.
Dans ce dossier, également appelé "Bismuth", il est soupçonné d'avoir, avec son avocat Thierry Herzog, tenté de corrompre Gilbert Azibert, alors en poste à la Cour de cassation. Selon l'accusation, l'ancien chef de l'Etat cherchait à obtenir des informations couvertes par le secret, voire de peser, sur une procédure engagée devant la haute juridiction dans l'affaire Bettencourt pour laquelle il a obtenu un non-lieu fin 2013. En contrepartie, il aurait envisagé d'apporter un "coup de pouce" à Gilbert Azibert pour un poste de prestige à Monaco qu'il convoitait mais qu'il n'a jamais obtenu.