Le rédacteur en chef du Canard enchaîné Louis-Marie Horeau et le journaliste Hervé Liffran étaient entendus jeudi par les enquêteurs dans le cadre d'une plainte de François Fillon contre l'hebdomadaire pour un article sur les emplois de son épouse, a-t-on appris auprès du journal.
Audition libre. "Louis-Marie Horeau est entendu actuellement, je pense qu'il va sortir rapidement puisque c'est une audition libre. Moi, j'y vais à 15 heures", a déclaré à l'AFP Hervé Liffran en fin de matinée. Les investigations sont confiées aux enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Plainte déposée avant le premier tour. La plainte a été déposée le 13 avril, dix jours avant le 1er tour de la présidentielle, par François Fillon, candidat LR. Elle est fondée sur l'article L97 du Code électoral, qui réprime la propagation de "fausses nouvelles", "bruits calomnieux" ou "autres manœuvres frauduleuses" ayant eu pour effet de "détourner" les suffrages. Elle a été déposée au lendemain de la publication d'un article intitulé "L'enquête sur Penelope s'approche de son berceau...", selon une source judiciaire.
Emplois présumés fictifs de Penelope Fillon. Selon cet article, les enquêteurs avaient découvert que le premier emploi à l'Assemblée nationale de l'épouse de François Fillon, Penelope, remontait à 1982 et non à 1986, comme l'avait affirmé l'ancien Premier ministre. Le Canard enchaîné y affirmait avoir "la preuve" que Penelope Fillon avait été rémunérée pendant quinze mois à partir d'avril 1980 comme "collaboratrice au sein d'un ministère parisien", ce qui a été démenti par le camp du candidat.
Marc Joulaud concerné. Le Canard enchaîné avait auparavant révélé fin janvier que Penelope Fillon avait été rémunérée pendant plusieurs années comme attachée parlementaire auprès de son mari ou de son suppléant, Marc Joulaud, ce que le candidat a confirmé, pour la période allant de 1986 à 2013. Les enquêteurs s'interrogent sur la réalité de ces emplois alors que Penelope Fillon était sans activité professionnelle connue.
François Fillon a été mis en examen le 14 mars, notamment pour "détournement de fonds publics", et son épouse le 28 mars, notamment pour "complicité et recel de détournement de fonds publics".