Il était surnommé "le petit juge". Selon des informations du Parisien confirmées par Europe 1, Jean-Michel Lambert, premier juge d'instruction en charge de l'affaire Grégory, de 1984 à 1986, a été retrouvé mort à son domicile du Mans, dans la Sarthe, mardi soir.
Un sac plastique sur la tête. C'est une voisine qui a prévenu les pompiers vers 19 heures. Les secours ont alors découvert son corps inanimé avec un sac plastique sur la tête. Selon les informations recueillies par Europe 1, Jean-Michel Lambert était allongé sur le canapé du salon, une bouteille de whisky vide à ses pieds. Les policiers n'ont retrouvé aucune lettre
Selon plusieurs sources, sa mort pourrait être consécutive à un suicide. D'après les premières constatations, aucune trace d'effraction ou de lutte n'a été relevée dans son appartement. La police judiciaire d'Angers a été saisie et le parquet du Mans a ouvert une enquête. Jean-Michel Lambert était âgé de 65 ans.
L'avocat des parents de Grégory "catastrophé". e"Je suis catastrophé, c'est infiniment trist", a réagi l'avocat des époux Villemin, Me Thierry Moser. "Quelles que soient les causes de ce qui semble être un suicide, je n'ai aucune animosité envers lui. Je critique les conclusions qu'il a tirées de son instruction mais je ne critiquerai jamais l'homme", a confié Me Moser, qui défend les intérêts des parents de l'enfant, Jean-Marie et Christine Villemin.
Critiqué à l'époque. Le magistrat a été le premier juge d'instruction chargé de l'affaire du meurtre de Grégory Villemin, le 16 octobre 1984. Âgé de 32 ans à l'époque, Jean-Michel Lambert avait été largement critiqué pour sa conduite de l'enquête, au cours de laquelle il avait inculpé Bernard Laroche, le beau-frère du père de Grégory, avant de le relâcher trois mois plus tard. Le juge se sentait depuis "en partie responsable de la mort de Bernard Laroche", tué par Jean-Marie Villemin quelques semaines plus tard, comme il le confiait à Europe 1 en 2014.
"À l'époque, j'étais le seul juge d'instruction à Épinal, avec deux cabinets à gérer. Il y avait une pression médiatique très forte. Je crois que dans cette affaire, tout le monde - enquêteurs, magistrats -, nous avons tous manqué de sérénité", avouait-il à l’occasion de la sortie de son livre De combien d'injustices suis-je coupable ?. C'est lui, encore, qui avait inculpé et incarcéré à tort Christine Villemin pour l’assassinat de son fils, avant d'être dessaisi de l'affaire en 1986 au profit du juge Maurice Simon.
Un nouveau drame dans cette affaire. Ce décès est un coup de théâtre de plus dans cette énigme judiciaire vieille de bientôt 33 ans, réactivée le mois dernier. Trois personnes ont été mises en examen ces dernières semaines parmi les proches de la famille Villemin, dont Murielle Bolle, témoin-clé de l'affaire.