Affaire Matzneff : "Il y a une discussion sur la loi qu’il faut ouvrir maintenant", plaide Laurent Joffrin

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Pour Laurent Joffrin, le directeur de la publication de Libération, la polémique entourant l’écrivain ouvertement pédophile Gabriel Matzneff marque la fin d’une époque, celle d’une trop grande complaisance vis-à-vis des atteintes sexuelles envers les enfants. Le journaliste, comme Françoise Laborde, invitée elle aussi d’Europe 1 jeudi, appelle à un changement de la loi.

La polémique entourant Gabriel Matzneff devrait laisser des traces. Depuis plusieurs jours, l’écrivain qui a beaucoup écrit sur ces penchants pédophiles, totalement assumés, est au cœur du débat, une affaire lancée par la parution d’un livre, Le consentement, écrite par l’une de ses victimes, Vanessa Springora, qui a eu une liaison avec lui alors qu’elle n’était âgée que de 14 ans, alors que lui en avait 50. Cette polémique interroge surtout l’attitude des intellectuels depuis les années 1970, avec le journal Libération en porte-voix. "Il y a beaucoup de gens dont on va remettre en question le comportement, c’est sûr. Comme ça bénéficiait d’une espèce de complaisance malsaine, c’est la fin d’une époque, je l’espère", a réagi Laurent Joffrin, le directeur de la publication du quotidien, qui avait fait amende honorable récemment sur Europe 1, déjà.

"Une discussion à l’envers de celles des années 1970"

Mais ce qu’espère le journaliste désormais, c’est que cette polémique accouche de changements législatifs. "Il y aura un débat aussi sur la loi. Parce que la loi aujourd’hui prévoit une condamnation pour atteinte sexuelles, et non pas pour viol", explique Laurent Joffrin.

"Quand il y a une relation entre un mineur de moins de 15 ans et une personne adulte, qu’il y ait consentement ou non, c’est une atteinte sexuelle qui est un délit, qui n’est pas un crime. Et probablement il y a une discussion qui va s’ouvrir, à l’envers de celle des années 1970, puisqu’à l’époque on demandait l’abolition de la majorité sexuelle, que ce soit totalement dépénalisé. Là, on veut renforcer la pénalisation. C’est une discussion qu’il faut ouvrir maintenant", plaide-t-il.

"On doit absolument modifier cette loi"

Françoise Laborde, elle aussi invitée d’Europe 1 jeudi, estime qu’il y a récemment eu une occasion manquée en la matière. "Sur cette question, je rappelle qu’il y a eu une grande polémique au moment de la modification de la loi voulue par Marlène Schiappa. Il faut rappeler quand même que ce gouvernement a refusé de mettre un âge minimum de consentement qui existe dans tous les autres pays", pointe cette ancienne membre du CSA.

"Dans tous les autres pays, on considère qu’à partir du moment où il s’agit d’un mineur qui a moins de 14 ou 15 ans - ça dépend des pays -, il y a présomption de viol", poursuit la journaliste. "C’est-à-dire que la charge de la preuve est inversée. C’est-à-dire que l’adulte qui a une relation sexuelle avec un enfant est considéré comme un violeur."

"On doit absolument modifier cette loi", insiste Françoise Laborde. "Parce qu’on est dans un système en France où il faut encore que l’enfant qui a été violé apporte la preuve du fait qu’il s’est débattu, défendu, etc. On ne prend pas du tout en compte la minorité comme étant un élément constitutif du viol."