La deuxième femme qui accuse Tariq Ramadan de viol a été entendue par les enquêteurs de la police judiciaire de Paris, mercredi, selon les informations d'Europe 1, dans le cadre de l'enquête ouverte pour "viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort" contre le prédicateur musulman. L'audition a duré plus de 6 heures. Un moment difficile pour la quadragénaire, qui souhaite garder l'anonymat, et qui est revenue longuement sur les circonstances du viol qu'elle dénonce. Des faits particulièrement violents qui se seraient déroulés en octobre 2009 à l'hôtel Hilton de Lyon. Ils ne sont donc pas prescrits.
Un récit glaçant. Récente convertie, la femme échange alors depuis presque un an avec Tariq Ramadan, auprès de qui elle cherche conseil. Une conférence du prédicateur est le prétexte pour le rencontrer. Pour échapper aux regards qui accompagnent sa célébrité, il fait la jeune femme monter dans sa suite, où il lui saute littéralement dessus. D'après la victime, Tariq Ramadan fait valser les béquilles sur lesquelles cette femme souffrant d'un handicap aux jambes s'appuie, il la viole à plusieurs reprises, la frappe à la poitrine, au visage, dans le ventre, ou encore la traîne par les cheveux jusqu'à la salle de bains.
Mercredi, la femme a fourni aux enquêteurs plusieurs documents et certificats médicaux établis à l'époque, et attestant des violences subies. Son avocat s'attend à de longues investigations.
Tariq Ramadan dans la tourmente
Tariq Ramadan, 55 ans, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, et brillant orateur, bénéficie d'une forte popularité dans les milieux musulmans conservateurs. Il est aussi très contesté, notamment dans les sphères laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique.
Le 20 octobre, Henda Ayari, une ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, a accusé Tariq Ramadan de viol et d'agression sexuelle, sur sa page Facebook. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour "viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort".
Par ailleurs, quatre anciennes élèves de Tariq Ramadan lorsqu'il enseignait le français et la philosophie à Genève entre 1984 et 2004, l'ont également mis en cause. Parmi ces quatre femmes, trois ont avoué avoir cédé à "l'emprise psychologique" de leur professeur et avoir eu des relations sexuelles avec lui, l'une à 15 ans et les deux autres à 18 ans. La quatrième, qui avait 14 ans à l'époque, évoque le harcèlement auquel elle a dû faire face.