Quelque 2.300 personnes se sont réunies samedi après-midi à Paris, selon la Préfecture de police, à l'appel notamment d'associations antiracistes et de syndicats, pour protester contre les violences policières et soutenir Théo, jeune homme noir de 22 ans victime d'un viol présumé lors de son interpellation. Selon les organisateurs, 4.000 à 5.000 personnes étaient rassemblées dans la capitale.
Sécurité renforcée. La place de la République, où se tenait ce rassemblement, déclaré en préfecture, était placée sous étroite surveillance. Plusieurs dizaines de camions de CRS et gendarmes mobiles étaient postés sur les différents axes menant à la place et les personnes porteuses de sacs se voyaient fouillées. La station de métro République a également été fermée. Craignant des débordements, le préfet de police de Paris a interdit dans ce périmètre la vente à emporter et la détention de boissons alcoolisées ou conditionnées dans un contenant en verre. Mercredi et jeudi, deux rassemblements non déclarés avaient donné lieu à des heurts et dégradations à Paris et Bobigny.
"La goutte d'eau qui fait déborder le vase". Peu après 15 heures, les premiers slogans se sont fait entendre : "On n'oublie pas, on pardonne pas !", "Police partout, justice nulle part", "C'est l'impunité et l'injustice, alors désarmons la police !". Une banderole barrée de l'inscription "De Zyed et Bouna à Théo et Adama, à bas le racisme et la violence d'État" a également été déployée. Ce rassemblement parisien était notamment organisé par des associations antiracistes (SOS Racisme, Cran, Ligue des droits de l'Homme, Mrap, Egam...), des syndicats (CFDT, CGT, FSU) et des organisations lycéennes et étudiantes (Fidl, Unef, UNL, Fage, La Fabrique). Le Syndicat de la Magistrature s'y est également associé.
"Théo, c'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase parce qu'on passe d'un simple contrôle à une matraque dans l'anus. Surtout qu'il y a eu d'autres bavures policières avant", a déclaré un jeune manifestant au micro d'Europe 1.
Plusieurs centaines de personnes tournent sur la place de la #Republique en soutien à #Theo@Europe1pic.twitter.com/Loje9MPqPI
— Justin Morin (@Ju_Morin) 18 février 2017
"Un problème structurel". Plusieurs élus ceints de leur écharpe tricolore, notamment le député écologiste Noël Mamère, ont pris part au rassemblement. "L'affaire Théo n'est pas qu'un fait divers, c'est un problème structurel de violences policières que la France doit avoir la maturité de traiter", a déclaré le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. Le dirigeant associatif s'est dit "déçu" de la réunion à laquelle les associations antiracistes étaient conviées lundi à Matignon. "Aucune solution concrète n'a été proposée et aucune mesure que nous avons proposée n'a été reprise", a-t-il regretté.
Deux policiers légèrement blessés. Après la fin du rassemblement et la prise de parole des organisateurs, un groupe de quelques centaines de personnes "teste les barrages des forces de l'ordre", jetant des projectiles (bâtons de bois, canettes, pavés). Les forces de l'ordre ont répliqué avec charges et tirs de gaz lacrymogènes, vers 17 heures. Deux policiers ont été légèrement blessés, selon une source policière. À 19 heures, la manifestation était terminée, selon la Préfecture de police. Treize personnes ont été interpellées.
Place de la #République : #circulation relancée. #manifestation terminée
— Préfecture de police (@prefpolice) 18 février 2017
En début de soirée, un cortège sauvage d'une soixantaine de manifestants, selon une source policière, a défilé dans le quartier de Ménilmontant, dans le nord de Paris. Scandant "anticapitalistes", ils se sont notamment attaqués à une vitrine d'agence bancaire.
Des manifestations partout en France.
D'autres manifestations contre les violences policières ont réuni environ 250 personnes à Nice, 200 à Poitiers, 150 personnes à Montpellier, 150 à Dijon - où des incidents ont également eu lieu -, une centaine à La Rochelle, 80 à Avignon. Vendredi soir, une centaine de personnes avaient également défilé à Marseille.
À Rennes, un cortège de 350 personnes a tenté de rejoindre la place du Parlement de Bretagne, dont l'accès a été rapidement bloqué par des CRS. Des cordons de forces de l'ordre ont interdit ensuite tous les accès au centre historique, alors que les manifestants scandaient : "État d'urgence, État policier, on ne nous empêchera pas de manifester". Le cortège a ensuite tenté de pénétrer dans une galerie marchande, avant de rebrousser chemin. Vers 17h15, les manifestants ont commencé à se disperser.