Quelque 200 personnes ont dénoncé samedi à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) une "pression" des institutions après la mise en examen d'un frère d'Adama Traoré, Bagui, soupçonné d'avoir tiré sur les forces de l'ordre lors des violences qui avaient suivi la mort du jeune homme au cours de son interpellation.
"Un acharnement". "Depuis sept mois, depuis la mort d'Adama, nous subissons des pressions, des répressions, un acharnement", a déclaré au mégaphone sa sœur, Assa Traoré, devenue porte-parole de la famille, devant les manifestants rassemblés à Boyenval, le quartier d'origine du jeune homme. "C'est une guerre qu'on a déclarée à la famille Traoré", a-t-elle ajouté, voyant dans les accusations imputées à son frère Bagui, une volonté de "criminaliser" la famille et leur combat pour obtenir "justice et vérité" sur la mort d'Adama Traoré.
Mis en examen. Jeudi, Bagui Traoré et sa compagne ont été mis en examen pour "tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique". Le jeune homme, déjà incarcéré, a été placé en détention provisoire et sa compagne laissée en liberté sous contrôle judiciaire. Pour Linda, assistante de formation de 26 ans, qui était au lycée avec Adama Traoré, cette mise en examen est "une injustice de plus: quand on est enfant d'immigré, qu'on vient de quartier, on ne peut pas réclamer ses droits". En décembre, Bagui Traoré avait été condamné à huit mois de prison pour outrages et violences à l'égard de policiers municipaux et gendarmes, lors d'un rassemblement organisé en marge d'un conseil municipal à Beaumont-sur-Oise en novembre. Son frère Ysoufou a lui écopé de six mois de prison dont trois avec sursis pour outrages et menaces de mort.
Au cœur du débat avec l'affaire Théo. Après la mort d'Adama Traoré, le 19 juillet, des violences avaient éclaté à Beaumont-sur-Oise et dans les communes voisines. Selon les autorités, une soixantaine de coups de feu avaient été tirés durant cinq nuits de violences, 13 policiers et gendarmes avaient été blessés. Le cas d'Adama Traoré s'est retrouvé de nouveau au cœur du débat public depuis qu'a éclaté l'"affaire Théo", du nom de ce jeune homme de 22 ans, victime d'un viol présumé à la matraque lors d'une interpellation début février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).