Dimanche, l'ex-beau-frère de Pascal Troadec a avoué avoir tué les quatre membres de la famille pour une histoire d'héritage mal partagé. Mais de nombreuses zones d'ombre demeurent.
L'affaire, "hors normes" selon les termes du procureur de Nantes, devrait bientôt connaître son dénouement. Plus de deux semaines après la disparition des quatre membres d'une même famille, près de Nantes, l'ex-beau-frère de Pascal Troadec a avoué le quadruple meurtre en garde à vue, dimanche à Brest. La piste du drame interne à la famille d'Orvault, longtemps envisagée par les enquêteurs, s'efface donc au profit de celle d'un différend autour d'un héritage mal partagé, qui reste à préciser.
Que sait-on du suspect ?
Prénommé Hubert, l'homme est séparé de la sœur de Pascal Troadec, avec laquelle il vit toujours dans le Finistère. Lorsque la disparition de la famille a été signalée, fin février, tous deux ont été entendus par les enquêteurs pendant 21 heures. L'ex-beau-frère a alors reconnu un différend lié à une histoire d'héritage, expliquant n'avoir pas vu les Troadec depuis une dispute à ce sujet remontant à plusieurs années.
Une version mise à mal par plusieurs indices collectés au fil de l'enquête. Des traces ADN d'Hubert ont été découvertes dans la voiture du fils Troadec, retrouvée jeudi à Saint-Nazaire. Dans la maison d'Orvault, des empreintes lui appartenant ont également été identifiées sur un verre. Mais des prélèvements très poussés des experts de la police technique et scientifique ont surtout permis d'identifier des traces de sang du suspect dans le pavillon, poussant les enquêteurs à le convoquer à nouveau.
D'autant que la sœur et le beau-frère de Pascal Troadec ont un temps résidé à Plouguerneau, non loin de Brest. C'est dans ce secteur, dans la localité de Dirinon, qu'ont été retrouvés des effets personnels des membres de la famille Troadec : mercredi un jean gris avec dans une poche, la carte bancaire, la carte vitale et une carte de fidélité de la fille, Charlotte, et le lendemain, deux livres de jeunesse ayant appartenu à Pascal Troadec, à 500 mètres de là.
Comment se sont déroulés les meurtres ?
Selon les informations d'Europe 1, les quatre meurtres ont été perpétrés dans des conditions sordides. Mais aucune communication officielle sur le déroulement des faits n'a été diffusée depuis les aveux de l'ex-beau-frère. Dans la maison d'Orvault, la police a découvert de nombreuses taches de sang à l'étage, dans l'escalier, au rez-de-chaussée et dans le garage. Certaines avaient été sommairement essuyées. Vendredi, le procureur de Nantes avait estimé que des "corps atteints de blessures graves ont circulé. Soit des personnes blessées ont été mobiles, soit elles ont été transportées."
En analysant ces traces, les enquêteurs ont retrouvé l'ADN des parents Troadec et de leur fils, Sébastien, mais pas celui de Charlotte, dont Hubert a pourtant confessé le meurtre. La jeune fille, étudiante en Maine-et-Loire et qui se trouvait chez ses parents pour les vacances d'hiver, aurait-elle pu être tuée ailleurs qu'au domicile familial ? C'est l'une des questions toujours en suspens, lundi midi.
Quel est le mobile ?
Les enquêteurs creusent la piste d'un différend familial à propos du partage d'une importante somme d'or. Selon Le Parisien, le père de Pascal Troadec aurait découvert ce trésor par hasard en faisant des travaux dans son immeuble, à Brest. À sa mort, l'héritage aurait créé une tension entre les enfants. Mais selon la mère du suspect en garde à vue, interrogée par le même média, "personne n'a rien récupéré du tout depuis la mort du père de Pascal, il y a environ six ans."
La réalité de cet héritage doit encore être vérifiée par les enquêteurs, qui devront également expliquer le calendrier des faits : si le décès du père remonte à six ans, pourquoi l'ex-beau-frère aurait il voulu récupérer les lingots à ce moment précis ? Le partage de l'héritage était-il plus récent ? Les investigations ont démontré que le couple Troadec avait réservé un billet d'avion pour un séjour au Portugal, du 10 au 14 avril.
Y-a-t-il des complices ?
Lundi matin, l'ex-beau-frère était le seul auteur privilégié par les enquêteurs. Mais le nombre de meurtres, a priori tous commis dans la nuit du 16 au 17 février, juste avant que les quatre téléphones des Troadec ne cessent d'émettre, pousse à s'interroger sur de possibles complicités. Le rôle de la sœur de Pascal Troadec, qui nie son implication, doit notamment être éclairci.
Où se trouvent les corps de la famille Troadec ?
Une disparition près de Nantes, une voiture retrouvée à Saint-Nazaire, des indices disséminés dans la région de Brest… Dans tous les lieux où les ont menés leurs investigations, les enquêteurs ont cherché d'éventuels corps des membres de la famille Troadec, en vain. Selon les informations d'Europe 1, le suspect a livré des éléments circonstanciés sur ce point lors de sa garde à vue, indiquant avoir découpé et brûlé ses victimes. S'il dit vrai, ces corps pourraient donc ne jamais être retrouvés.