Une expertise médicale de Vincent Lambert, qui devait avoir lieu samedi à l'hôpital de Reims, a été reportée après une demande de récusation des avocats des parents qui contestent la composition de l'équipe d'experts, ont annoncé vendredi des sources concordantes.
Une récusation qui bloque l'expertise. Mi-avril, la justice administrative avait ordonné une nouvelle expertise de ce patient hospitalisé dans un état végétatif depuis 2008, avant de statuer sur un éventuel arrêt des soins dans ce dossier au long cours. "Le dépôt d'une demande de récusation au tribunal bloque l'expertise jusqu'au moment où le tribunal statue sur la demande de récusation", a déclaré leur avocat des parents de Vincent Lambert, Jean Paillot. "Soit le tribunal confirme les experts, soit il les change", a-t-il ajouté, précisant que la date de cette audience au tribunal administratif n'était pas encore connue.
Des experts contestés. "La demande de récusation a été déposée hier [jeudi]", a confirmé une source au tribunal administratif de Chalons-en-Champagne (Marne). La défense des parents conteste la composition du collège des trois experts, estimant notamment qu'"aucun d'entre eux n'a de compétence en matière de patients EVC [état végétatif chronique] et en EPR [état pauci-relationnel]", estime Jean Paillot. "On ne se laisse pas faire et on veut une vraie bonne expertise, pas une expertise bâclée", a-t-il argué.
Des progrès depuis 2014, selon l'avocat des parents. Le camp qui milite pour le maintien en vie de Vincent Lambert, 41 ans, estime que "l'état de Vincent a évolué de manière positive depuis 2014 [date de la dernière expertise] et qu'il est nécessaire de l'évaluer", notant des progrès "un peu au plan neurologique et beaucoup au plan fonctionnel, par exemple dans le domaine de la déglutition", selon Jean Paillot. En 2014, l'expertise avait confirmé l'incurabilité et une "dégradation" de l'état général.
De nombreux recours. Malgré les décisions judiciaires successives favorables à l'arrêt des traitements, jusqu'à celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en juillet 2015, son applicabilité a toujours été entravée par des recours en justice successifs et des pressions sur l'équipe médicale : trois procédures collégiales avortées et deux médecins écartés en cinq ans.