Le rapporteur public a rejeté mardi devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) la demande de récusation des experts, déposée par les parents du patient qui dénoncent une expertise "partiale" aux allures de "mascarade". Les experts étaient censés dresser "le tableau clinique" de Vincent Lambert.
Des arguments qui ne sont pas "sérieux". "Les arguments invoqués ne me paraissent pas fondés" car "il n'y a pas de raison sérieuse de douter de l'impartialité" des experts, a déclaré le rapporteur public, qui a estimé que les arguments des requérants n'étaient pas "sérieux". Les parents et une partie de la famille de Vincent Lambert, opposés à l'arrêt des soins de ce père de famille de 41 ans, hospitalisé dans un état végétatif au CHU de Reims depuis 2008, avaient saisi le tribunal administratif pour contester la décision de l'hôpital du 9 avril de lancer une quatrième procédure d'arrêt des traitements.
La légitimité des experts contestée par les parents. Dans son ordonnance du 20 avril, le tribunal avait exigé qu'un "tableau clinique" du patient soit réalisé avant de se prononcer sur la validité de l'arrêt des traitements, et avait pour cela nommé trois médecins. Leur légitimité et leur manière de procéder sont contestées par cette partie de la famille.
Une volonté d'"entraver la justice", selon le CHU. Cette demande de récusation avait conduit à l'annulation de l'expertise prévue le 26 mai, une preuve de "l'intention dilatoire" et de la volonté "d'entraver la justice" par "des arguments procéduriers non recevables", a estimé Me Pierre Desmarais, l'avocat du CHU de Reims.
"Il s'agit là de jouer la montre et de discréditer les experts", a appuyé Me Steven Calot, conseil de François Lambert, neveu de Vincent, favorable à l'arrêt des traitements, à l'instar d'autres proches du patient dont son épouse et tutrice légale, Rachel Lambert.
Une méthode d'évaluation inefficace pour les parents de Vincent Lambert. Mais aux yeux des parents de Vincent Lambert, l'expertise prévue ne permettrait pas de prendre en compte la situation de leur fils, qu'ils jugent "handicapé" et dont ils réclament depuis cinq ans la rééducation dans une unité spécialisée. En l'état, cette expertise serait "une mascarade" car "il faut regarder l'évolution réelle de Vincent et pas son état à un instant T en deux heures", a déclaré Me Jérôme Triomphe, leur avocat.
"Ces types de patients sont très particuliers car leur état est fluctuant" donc "il faut les observer pendant trois semaines au minimum, trois semaines avec des stimulations tous azimuts", a avancé le Dr Catherine Kiefer, l'une des médecins conseils des parents Lambert, chef de service d'une unité dédiée aux patients en état de conscience minimale à l'hôpital de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Le tribunal administratif rendra son ordonnance mercredi.