Nicolas Sarkozy ira-t-il en prison ? Cette question est devenue l'un des enjeux du procès des "écoutes" mardi, après que le parquet national financier a demandé quatre ans de prison dont deux ferme contre l'ancien chef de l'Etat. Les réquisitions sont les mêmes à l'encontre des deux autres prévenus : l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert et l'avocat Thierry Herzog, avec pour ce dernier cinq ans d'interdiction professionnelle.
Les plaidoiries de la défense, qui a demandé la relaxe de Nicolas Sarkozy, ont eu lieu mercredi.
"Pas quelques formules choc qui pourront masquer les faiblesses et le vide de l'accusation"
À partir de 15h et pendant deux heures, l'avocate de l'ancien locataire de l'Élysée, Me Jacqueline Laffont, s'est employée à déconstruire le dossier. Et c'est d'abord à la réquisition du parquet national financier qu'elle a répondu. "Ce ne sont pas quelques formules choc finales qui pourront masquer les faiblesses et le vide de l'accusation. La sévérité n'a jamais crée la preuve". Pour l'avocate, il n'y a pas le début du commencement d'une preuve, pas d'élément matériel, ni de témoignage pour accréditer la thèse d'un pacte de corruption. Elle estime que le dossier est uniquement fondé sur une interprétation de conversations jugées par son camp comme illicites et scandaleuses.
Dans la salle, de nombreuses robes noires ainsi que des proches du l'ancien président, notamment sa femme, la chanteuse Carla Bruni, présente pour la première fois depuis le début du procès.
Son client assis mains jointes devant elle, Me Jacqueline Laffont a finalement conclu : "Ce que nous attendons ici devant vous aujourd'hui au terme de ce long parcours judiciaire, c'est une justice simple, une justice forte, une justice libre, une justice courageuse, au-delà de toute forme de pression (...) Celle qui recherche la vérité judiciaire, qui prononce la décision qui s'impose. Celle qui relaxera Nicolas Sarkozy."
La décision bientôt mise en délibéré
Décrivant les "effets dévastateurs de cette affaire qui vient cogner les valeurs de la République", les magistrats financiers avaient estimé qu'elle avait "abîmé" l'institution judiciaire, la profession d'avocat et l'image présidentielle. Selon eux, Nicolas Sarkozy a bien obtenu en 2014, via son avocat, des informations couvertes par le secret auprès du haut magistrat Gilbert Azibert, au sujet d'un pourvoi à la Cour de cassation que l'ancien président avait déposé dans l'affaire Bettencourt.
Au cœur de leur démonstration : des conversations interceptées par la justice sur une ligne officieuse, ouverte par Thierry Herzog sous le nom de "Paul Bismuth", pour discuter avec son client, en toute confidentialité, croyaient-ils. Cette ligne secrète avait été découverte par les magistrats dans le cadre des investigations sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, un dossier qui lui vaut aujourd'hui une quadruple mise en examen.
Les plaidoiries doivent se poursuivre jusqu'à jeudi soir, puis la décision sera mise en délibéré.