Ce lundi 15 août, une centaine d'Afghans ont manifesté dans le centre de Paris, un an après le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan. Le pays est toujours isolé, et s'enfonce dans les crises économiques, énergétiques et humanitaires. L'ONU a aussi appelé ce jour à ne pas oublier les femmes et les filles afghanes qui sont privées de plus en plus de droits en Afghanistan.
La date du 15 août dans la mémoire des femmes afghanes
Place de la République, Europe 1 a rencontré Atifa. La jeune femme de 23 ans, t-shirt blanc et noir, a tenu une pancarte avec écrit "L'Afghanistan souffre, le monde regarde, contemplez le drapeau afghan avec tristesse, le visage grave". Il y a un an, la jeune afghane prenait l'avion pour Paris pour fuir les talibans. Le 15 août est une date qui a changé sa vie pour toujours. "Ce jour-là, j'ai tout abandonné d'un coup, j'ai tout perdu", affirme-t-elle auprès d'Europe 1.
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"Mais aujourd'hui, je suis très bien en France", poursuit-elle. "Je suis une artiste, je suis libre, je prépare une exposition, je rentre à l'université et j'apprends le français. Même si c'est d'être loin de la famille, mon cœur est toujours là-bas", ajoute Atifa.
Rester à Paris pour pouvoir vivre
Étudiante en sciences politiques, Samia est, elle aussi, arrivée l'année dernière en France. Sous son voile blanc, elle raconte, impuissante, la nouvelle vie des femmes de son pays qu'elle a laissé derrière elle. "Les femmes n'ont plus le droit de sortir de chez elles sans avoir le visage couvert, sans la tenue noire imposée par les talibans", explique-t-elle. "Plus d'études, plus de travail, plus de loisirs, plus de vie...", énumère Samia. "C'est horrible. Elles sont vraiment très menacées." "Quand je vois la vie de mes amis, de ma mère avec qui j'ai gardé contact, je ne peux pas m'arrêter de pleurer", confie-t-elle.
"C'est très dur pour moi, mais au moins ici, je suis bien. En France, je me sens comme chez moi et j'ai été très bien accueillie. Je peux sortir dans la rue jusqu'à n'importe quelle heure, aller au restaurant, faire mes études de sciences politiques. Tout ça dans mon pays, ce n'est plus possible, c'est devenu trop dangereux."
"Mais je suis sûre qu'un jour, on va gagner", enchaîne la jeune afghane sur Europe 1. "Il faut continuer de se battre, de continuer d'y croire." Samia sait qu'un jour, elle retournera chez elle, près de Kaboul, lorsque les talibans seront partis. En attendant, elle compte bien rester à Paris pour avoir le droit de continuer à vivre.