Des rassemblements ont eu lieu lundi à la mi-journée devant les mairies de France en soutien au maire de L'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, visé par une agression à la voiture-bélier, notamment à Nanterre où la mort du jeune Nahel, tué par un policier, a suscité des émeutes dans tout le pays. "Depuis mardi, les nuits ont été difficiles pour les habitants (...). Les violences qui se sont succédé sont inacceptables", a déclaré le maire de Nanterre, Patrick Jarry (DVG) devant une centaine d'habitants et d'employés de la mairie. "Le temps est à l'apaisement", a insisté l'édile, soulignant qu'il fallait "rester sur cet appel de la famille de Nahel, de sa grand-mère", qu'il "remercie profondément".
"Condamnation la plus faible de cet acte inqualifiable"
Après cinq nuits de heurts entre jeunes et forces de l'ordre, de destructions de voitures ou de bâtiments publics et de pillages de commerces sur tout le territoire, la grand-mère de Nahel a lancé dimanche un appel au calme aux émeutiers. "Nous ne perdons pas de vue le point de départ de cette situation, cette exigence de justice qui continue d'exister", a poursuivi le maire de Nanterre devant la presse.
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À Saint-Denis, une trentaine d'élus (maires, députés, le président du département, Stéphane Troussel, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse) et près de 200 personnes ont assisté à la cérémonie, a constaté une journaliste de l'AFP. Un rassemblement "pour dire non aux violences contre les élus" et en "solidarité absolue dans cette tentative d'assassinat" du maire de L'Haÿ-les-Roses, a déclaré le maire PS, Mathieu Hanotin, très ému. "Je veux que nous apportions notre condamnation la plus ferme de cet acte inqualifiable (...), j'appelle à l'ordre républicain pour que la justice puisse se faire", a-t-il ajouté.
Manque de "fraternité"
Les rassemblements ont été particulièrement suivis dans les communes très touchées par les violences urbaines. Près de 200 personnes se sont ainsi réunies devant la mairie de Mons-en-Barœul, dans le Nord, incendiée dans la nuit de mercredi à jeudi. "Finalement, ce rassemblement assez spontané nous encourage. Les jeunes qui ont fait ça, ils se tirent une balle dans les pieds. Les guichets qui ont été impactés, ce sont les services publics à tous les Monsois", a déclaré le maire Rudy Elegeest.
"Parce que nous agissons, nous sommes menacés, nous sommes insultés, nous sommes agressés. Cela ne peut plus durer", a lancé de son côté Thierry Falconnet, maire PS de Chenôve, commune populaire de la banlieue de Dijon. Près de 300 personnes se sont rassemblées à Brest, et quelque 200 à Toulouse, ont constaté des journalistes de l'AFP. À Paris, Anne Hidalgo a répété condamner "sans aucune réserve les violences comme les atteintes contre les biens et les personnes". "Pour moi, la République est laïque et sociale, elle est fraternelle, et aujourd'hui nous manquons de social, sans doute de laïcité et beaucoup de fraternité", a ajouté la maire socialiste.
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À Strasbourg, la maire Jeanne Barseghian (EELV) s'est dite "aux côtés de nos élus pour faire en sorte que vive notre République, pour assurer le bien vivre de nos habitants". Le président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, qui avait appelé dimanche à cette "mobilisation civique", a déclaré depuis Cannes que ces rassemblements étaient ceux d'une "France qui veut la paix, la sécurité, la liberté, qui sait que l'ordre précède la justice".
En prenant la fuite avec leurs deux jeunes enfants, l'épouse de Vincent Jeanbrun (LR), Mélanie Nowak, conseillère départementale et adjointe au maire, s'est fracturée le tibia et a été hospitalisée. Dans cette commune de plus de 30.000 habitants au sud de Paris, le rassemblement devant la mairie est prévu à 15h00, avant une marche dans la ville.