"Ça fait trois ans qu'on subit des aléas climatiques. On travaille toujours plus pour essayer de s'en sortir mais je ne sais pas jusqu'à quel point on va pouvoir y arriver", souffle Jean-Marc Pesquidoux, l'air dépité. Il parcourt ses 55 hectares de vignes qui servent à produire du vin, de l'appellation Côte de Gascogne. Seuls trois hectares n'ont pas été atteints par la grêle. Lui qui a commencé à 8 ans avec son père et travaille aujourd'hui avec son frère voit les catastrophes s'accumuler.
"Ce n'est pas une vie"
Le gel, la grêle parfois la sécheresse comme cette année. Ses terres agricoles où il cultive des céréales sur 70 hectares ont aussi été lourdement touchées. "On est dépités. On a plus de moral. Financièrement on fait des prêts pour rembourser d'autres prêts, je ne sais pas si c'est une solution", déplore Jean-Marc. "On se pose la question. Est-ce qu'il va falloir continuer l'activité ?" Ces derniers temps, il a proposé ses services à d'autres agriculteurs pour essayer de faire rentrer un peu de trésorerie. "Mais ça reste du travail supplémentaire alors qu'on a déjà trop de travail sur nos exploitations", regrette-t-il.
"J'ai toujours été dans le secteur viticole, on a ça dans le sang mais ça fait quelques temps qu'on se demande si on ne va pas devoir changer de métier. Mais faire quoi on ne sait pas. On n'est pas trop maladroit donc on pourrait partir dans les travaux publics", s'interroge Jean-Marc Pesquidoux. Il voit aussi les conditions de travail se dégrader. "Il n'y a pas un jour de vacances. C'est entre 15h et 22h de travail tous les jours", décrit-il. "Quand c'est juste pour essayer de survivre c'est usant. Qui va travailler jour et nuit pour même pas le quart du SMIC ? Dans quelle activité on voit ça ? Aucune."
"J'aimerais laisser quelque chose à mes enfants"
Pour le moment, Jean-Marc Pesquidoux attend de connaître l'étendue des dégâts, de savoir si certaines parcelles vont pouvoir repartir. "Tant qu'on a la santé il faut continuer mais jusqu'à quand ? Mon père a pris la retraite et dans les deux ans qui ont suivi il est décédé parce qu'il était usé. J'ai un petit qui a trois ans, je pars le matin il dort, je rentre le soir, il dort. Ce n'est pas une vie."
Ce qui le retient c'est la tradition familiale, la crainte de dilapider l'héritage de ceux qui l'ont précédé même s'il est persuadé que de plus gros domaines pourraient lui faire de belles propositions. Il y aussi l'envie de transmettre ce patrimoine. "On pense aux anciens qui se sont toujours battus pour essayer de faire quelque chose et d'avoir un bout de terre. Vendre ce n'est pas ce pourquoi je me suis battu toute ma vie et j'aimerais laisser quelque chose à mes enfants", explique-t-il. "Mais on se demande aussi si ce ne serait pas un cadeau empoisonné de leur transmettre une propriété comme celle-ci."