A quelques jours du Salon de l'agriculture, des agriculteurs du Cher poussent un cri d'alarme. Le nouveau découpage des zones dites défavorisées, qui entraîne l'attribution des aides européennes, pourrait priver 140 exploitants situés dans le nord du département, autour de Sancerre, d'une grosse somme. La mesure pourrait entrer en vigueur au 1er janvier 2018.
"Ça va nous décimer". Pour ces agriculteurs du Cher qui reçoivent ces aides depuis plus de 40 ans, il y a urgence. Ne pas pouvoir compter sur cette somme qui représente 1,3 million d'euros au total, ce serait un énorme coup de massue alors que leurs comptes sont déjà dans le rouge. Bruno Fleurier est à la tête d'une ferme de 350 hectares où il élève des vaches et des chèvres. Perdre 18.000 euros par an, il sait qu'il ne s'en remettrait pas. "Ça va être la mort de nos campagnes, ça va nous décimer tous. Si on n'en veut plus de paysans, qu'on nous le dise !" La conséquence concrète serait pour lui de ne pas pouvoir garder son unique salarié.
15% de la population active. Pour son collègue Thierry Charpentier, dont la ferme est située quelques centaines de mètres plus loin, certains vont même devoir mettre la clé sous la porte. Il regrette que le ministère de l'Agriculture ne monte pas plus au créneau pour les défendre : "On ne comprend pas du tout. Le ministre avait annoncé qu'il voulait défendre les régions d’élevage extensives et aujourd'hui, on se rend compte que les critères qu'ils ont mis en place nous bloquent. C'est une catastrophe au niveau de la région." Le seul espoir de ces exploitants est de jouer la carte de l'emploi. Dans le pays sancerrois, 15% de la population active travaille dans le domaine agricole. Ce critère pourrait être décisif dans les négociations avec Bruxelles pour garder cette aide qui leur permet de dégager un maigre revenu annuel.