Le fléau touche durement la profession depuis plusieurs années. Selon les derniers chiffres datant de 2015, la sécurité sociale agricole dénombrait alors 372 suicides d'exploitants agricoles en un an, soit plus d'un par jour. Pour tenter de prévenir ces drames, l'exécutif a commandé un rapport au député LREM du Lot-et-Garonne Olivier Damaisin, qui l'a remis mardi au gouvernement. Parmi plusieurs pistes évoquées dans ce document, l'élu conseille notamment de développer des dispositifs de mentorat entre agriculteurs et entrepreneurs, en s'inspirant d'une expérimentation menée en Saône-et-Loire.
Quelles sont les autres propositions du rapport ?
L'élu suggère de mieux faire connaître les plateformes d'écoute, et plaide pour une publication annuelle du taux de mortalité par suicide et une "analyse fine de la typologie des agriculteurs concernés et des causes". Il propose aussi de recruter et former de nouvelles "sentinelles" parmi les personnes gravitant autour des agriculteurs pour repérer les personnes en difficulté. Olivier Damaisin évoque aussi la création d'un observatoire national des exploitations en difficulté, sous l'égide du ministère de l'Agriculture.
L'objectif est de rompre l'isolement que vivent les agriculteurs. Après une vague de suicides dans le département en 2016, la chambre d'agriculture Saône-et-Loire a mis en place un système de mentorat, d'échange, entre des éleveurs, des viticulteurs et des entrepreneurs, des avocats, etc. Un moment de conseil et d'accompagnement, mais surtout une façon de créer du lien humain.
"L'idée est de mettre en relation deux corps de métiers totalement différents, mais avant tout des hommes et des femmes qui échangent en toute transparence, car il n'y a pas de jugement. C'est une approche qui est assez intime, et qui permet de voir comment on peut faire en sorte de casser cette solitude", explique à Europe 1 Bernard Lacour, président de la chambre d'agriculture et lui-même éleveur bovin.
Une initiative saluée par les concernés
Depuis deux ans, il existe une quinzaine de binômes. Les agriculteurs et les chefs d'entreprises se rencontrent une fois par mois, toujours sur la base du volontariat et de façon bénévole.
Et si l'impact précis du dispositif sur le nombre de drames est difficile à chiffrer, du côté des concernés, agriculteurs comme chefs d'entreprises parlent d'une démarche très positive et complémentaire.