La ministre de la Justice Christiane Taubira a de nouveau justifié mercredi le bien-fondé de sa réforme de l'Aide juridictionnelle (AJ) avant sa rencontre avec les représentants des avocats, vent debout contre son projet.
"Un risque de précarisation de la profession". La ministre doit recevoir à la chancellerie à midi les représentants des avocats, en grève depuis une semaine, contre son projet de réforme et avec lesquels tout dialogue est interrompu depuis cette date. "Je propose cette réforme parce que des rapports disent depuis une quinzaine d'années que le système est à bout de souffle, qu'il va s'effondrer. Il y a un risque de précarisation de la profession", a justifié la garde des Sceaux sur France 2.
"Nous n'avons cessé d'augmenter l'aide juridictionnelle". "On dit que l'aide juridictionnelle baisse, que l'Etat se désengage, mais le budget de l'AJ était de 275 millions d'euros en 2010. Nous n'avons cessé de l'augmenter. Il était de 375 millions d'euros cette année et il sera de 405 millions d'euros l'année prochaine. Voilà la réalité", a-t-elle ajouté après avoir rendu hommage à "la belle profession" d'avocat "qui, par l'AJ, assume une mission d'intérêt général". Le problème, a-t-elle souligné, c'est que "16% seulement des avocats assurent 84% des missions de l'AJ".
Augmenter la rétribution des avocats qui assurent l'AJ. "L'aide juridictionnelle a été conçue pour permettre à des citoyens qui ont des revenus extrêmement modestes d'accéder au droit et à la justice. Le seuil de ressources (pour pouvoir en bénéficier) était inférieur au seuil de pauvreté, j'ai décidé de l'augmenter à 1.000 euros, ce qui permet à 100.000 personnes supplémentaires d'accéder à l'AJ à 100%", a plaidé la ministre. "Les avocats qui assument la mission d'intérêt général de l'AJ sont mal rétribués et cette rétribution n'avait pas été augmentée depuis 2007. J'ai décidé de remonter aussi cette rétribution. Et l'Etat met de l'argent public pour couvrir ces dépenses", a-t-elle ajouté.