Depuis les attentats de Bamako et Ouagadougou, un commandant de bord ne veut plus aller à Dakar. Un autre refuse de voler en direction du Niger, de peur de se faire tirer dessus en survolant la capitale du pays. Pilotes, hôtesses et stewards d'Air France sont de plus en plus nombreux à s'inquiéter des vols à destination de l'Afrique de l'Ouest.
Une cible potentielle. Car la France est une cible potentielle et Air France avec elle. Les équipages sont repérables tout de suite, disent-ils, en raison du drapeau tricolore affiché sur leurs avions. "Nous nous retrouvons confrontés à des risques de sûreté jusque dans nos périodes de repos, en dehors même de l'avion et de son environnement proche. Cela inquiète bien davantage les pilotes", observe Emmanuel Mistrali, le porte-parole du syndicat des pilotes.
Un autre avion pour le personnel à l'arrivée. Depuis les attentats des mois de novembre et janvier derniers, le personnel ne reste plus à Bamako ou Ouagadougou. Une fois arrivé sur place, il reprend un avion pour dormir dans d’autres villes, plus sécurisées. Mais c’est la région toute entière qui inquiète, surtout lors du transfert du personnel depuis l’aéroport ou lors de son séjour à l’hôtel.
"Si un personnel ne se sent pas, il ne doit pas partir". Pour Christophe Pillet, qui représente les hôtesses et les stewards de la compagnie, il ne faut pas forcer les équipages à assurer ces destinations. "Si un personnel ne se sent pas d'aller dans un pays, il ne doit pas partir et assurer une mission de sécurité à bord en ayant un stress intense", explique-t-il.
Air France juge le problème marginal. Autre idée : doubler les équipages sur les vols vers l’Afrique de l’Ouest afin de ne pas dormir sur place et faire l’aller-retour dans la journée. Pour la direction d'Air France, cette solution n’est pas à l’ordre du jour. Elle affirme que le problème est marginal et qu’elle met tout en œuvre pour assurer la sécurité de son personnel et de ses voyageurs.