En raison des difficultés d’apprentissage et de la phobie scolaire de ses deux filles, Alexandra a décidé de leur faire l’école à la maison. Depuis, ses filles sont plus apaisées. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Alexandra s’inquiète donc de la possible interdiction de l’école à la maison.
Cela fait trois ans qu’Alexandra et son mari ont décidé de retirer leurs deux filles de l’école et de leur faire l’école à la maison. Alexandra s’inquiète alors du projet de loi qui prévoit l'interdiction de l’instruction en famille. Elle explique que sa décision de retirer ses filles de l’école n’était pas un choix contre l’école, mais pour le bien-être de ces dernières qui avaient développé une phobie scolaire et des difficultés d’apprentissage. Sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Alexandra fait part de son expérience de l’école à la maison.
" Tout parent peut être concerné, à un moment donné, par ce choix de faire l’école à la maison. Ça peut être un choix pédagogique ou de vie, mais ça peut aussi être un choix fait dans l’urgence parce que l’enfant a été harcelé, a une phobie scolaire ou des difficultés d’apprentissage. Le fait qu’une loi veuille interdire cette liberté nous inquiète profondément, parce que nous avons choisi de retirer nos filles de l’école. On a pris beaucoup de temps avant de prendre cette décision, parce qu’elle implique beaucoup de responsabilités, notamment si on échoue.
Je trouve que c’est un moyen qui peut sauver des enfants, parce que l’école n’est pas faite pour tout le monde. L’école ne convenait pas à nos deux filles. Quand elles étaient à l’école, c’étaient des moments de souffrance, d’agressivité et de difficultés d’apprentissage. C’est la troisième année qu’on fait l’école à la maison. Depuis qu’on les a retirées de l’école, la joie et la sérénité sont revenues. Elles sont beaucoup plus détendues. Leurs grands-parents, qui étaient sceptiques à l’idée qu’on retire nos enfants de l’école, nous disent aujourd’hui qu’on a fait le bon choix pour elles.
" On a franchi le pas et on ne le regrette pas "
L’aînée s’ennuyait beaucoup à l’école. Elle commençait à être cataloguée d’intello, ce qui la perturbait beaucoup. Elle ramenait toute l’agressivité de l’école à la maison. Quant à la benjamine, elle a appris à lire avec la méthode globale, ce qui a été une catastrophe. On a mis en place un suivi avec une orthophoniste qui a découvert une dyslexie. Elle a dû lui apprendre à lire parce qu’elle n’avait jamais réellement appris. Depuis qu’elle a trois ans, chaque départ à l’école était émaillé de cris et de pleurs.
Face aux difficultés de notre fille, son enseignante nous a aidés, mais elle ne pouvait pas faire plus pour notre fille avec ses 28 autres élèves. Les écoles alternatives sont trop chères pour nous. On a découvert la possibilité de faire l’instruction en famille. On a franchi le pas et on ne le regrette pas. Notre benjamine commence à prendre du plaisir à lire. Je pense que les enseignants n’auraient pas pu adapter leur travail à notre enfant avec toutes ses difficultés. Elle perdait confiance et n’avait plus aucune estime d’elle-même.
" Ce n’est pas un choix qu’on a fait contre l’école "
L’idée de les remettre éventuellement à l’école, elles en pleurent et en font des cauchemars. Moi-même, j’ai du mal à dormir en ce moment. Vu le profil de nos filles, surtout la benjamine, il y a de grandes chances pour qu’elles soient en échec si on les remet à l’école. Aucun parent, souhaitant le bien-être de son enfant, ne peut volontairement le mettre en échec. Pour toutes ces raisons, je trouve que cette loi n’est pas juste et risque de mettre beaucoup d’enfants et de parents en difficulté.
L’intérêt de l’école à la maison, c’est de s’adapter au mieux à son enfant, surtout s’il a des difficultés. Mais même s’il n’en a pas, on a le droit de s’adapter à son rythme. Nous ne sommes pas des familles qui souhaitons éloigner nos enfants des valeurs de la République. Il y en a peut-être, mais ça reste à la marge. Qu’on essaye de traiter ces cas-là, d’accord ; mais qu’on pénalise d’autres enfants dont c’est l’avenir dont on parle, je trouve ça injuste. Ce n’est pas un choix qu’on a fait contre l’école, c’est un choix qu’on a fait dans l’intérêt de nos enfants.
Un contrôle est fait tous les ans par l’inspection académique. La première année, un inspecteur est venu chez nous. Il nous a donné des conseils et n’a pas jugé notre choix. Puis tous les deux ans, la mairie est censée venir à la maison avec un assistant social, pour voir comment ça se passe. Si le premier contrôle ne se passe pas correctement, un deuxième contrôle est prévu. Si l’inspection d’académie se rend compte qu’il y a de grosses difficultés, il y a une obligation de rescolarisation. La mairie peut aussi faire un signalement. Donc aujourd’hui, l’arsenal législatif existe pour encadrer l’école à la maison.
Interdire l’instruction en famille, ce sont des vies entières qui vont être bouleversées. Les enfants qui ont des difficultés d’apprentissage que l’école n’est pas en capacité de prendre en charge, ceux qui ne sont jamais allés à l’école parce qu’il y a d’autres modes d’éducation alternatifs qui leur conviennent très bien, que vont-ils devenir ? Il ne s’agit pas d’opposer l’instruction en famille et l’école. On peut avancer ensemble dans l’intérêt des enfants et pour leur bien-être. C’est ça qui doit primer : l’intérêt des enfants. "