De onze jours à neuf semaines. Un rapport sur les "1.000 premiers jours de l'enfant", a été remis au secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance et des Familles, Adrien Taquet, afin de développer l'accompagnement à la parentalité. Parmi les mesures phares, l'allongement du congé paternité de onze jours à neuf semaines est préconisé. Isabelle Filliozat, psychothérapeute et vice-présidente du comité d'experts en charge de rapport, explique jeudi sur Europe 1 l'importance de cette recommandation "pour le papa, l'enfant, la maman, pour la nation, pour la vie humaine".
L'importance d'être "une équipe parentale"
"Aujourd'hui, c'est une demande des pères. Ils sont de plus en plus désireux de passer du temps avec leurs enfants", confie-t-elle. "Plus un père va rester avec ses enfants, plus il a plaisir à rester avec ses enfants." Un cercle vertueux pour le père de famille, mais aussi pour la mère. Selon la psychothérapeute, l'allongement du congé paternité permettrait également de les soulager d'un sentiment de culpabilité, éprouvé majoritairement lorsqu'elles reprennent le travail. "Le sentiment de culpabilité était en rapport avec 'est-ce que papa est là ? Est ce que nous sommes deux, une équipe parentale ?", décrypte Isabelle Filliozat.
Dans ce rapport remis au gouvernement, les experts s'attaquent également au congé parental. Il proposent de remplacer cette indisponibilité d'un an, renouvelable deux fois et non rémunérée, par un congé de neuf mois, partageable entre les deux parents et rémunéré à hauteur de 75% du revenu.
Une période charnière pour le développement de l'enfant
Les 1.000 premiers jours de l'enfant, une période allant du quatrième mois de grossesse aux deux ans, sont une période charnière pour sa construction. "Ce sont les fondations, c'est le moment où le cerveau se construit, les réseaux de neurones se tissent… Nous avons une génétique, les gènes de nos parents, un héritage, mais il y a aussi l'épigénétique, c’est-à-dire la manière dont ces gènes vont s'exprimer", précise Isabelle Filliozat. "Nous insistons beaucoup dans le rapport sur le fait que ce n'est pas 100% déterminant. Ce qui est important c'est de veiller à ce que le cocon soit le plus protecteur possible, le plus accompagnant possible. L'avantage des 1.000 premiers jours ce que l'on peut réparer beaucoup plus facilement quelque chose qu'on ne peut le faire à 40 ou 50 ans."
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Plus largement, le rapport s'intéresse à l'accompagnement de la parentalité, évoquant l'allaitement, la dépression post-partum ou encore l'importance des campagnes d'informations publiques pour aider les jeunes parents. "On ne mesure pas combien cela peut-être complexe, et intéressant du coup [d'être parents, ndlr]", souligne Isabelle Filliozat. Ce rapport pose la direction, un bébé a des besoins, ses 1.000 premiers jours sont essentiels, les parents ont des besoins et il est possible de faire beaucoup de choses pour faire que cette période soit fondatrice d'un bel avenir."
Des engagements du gouvernement
Les différentes propositions feront l'objet d'une "expertise" par le gouvernement et donneront lieu "à des annonces d'ici la fin du mois", a annoncé Adrien Taquet. Des mesures pourraient être inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2021.
Si la commission d'experts ne sait pas encore quelles préconisations seront retenues, Isabelle Filliozat l'assure : des engagements ont été pris pour "faire évoluer la France sur ces sujets". "La France est en retard et a décidé de rattraper son retard", se réjouit-elle.