Amende forfaitaire pour usage de drogue : "On va amorcer la réponse pénale qui manque"

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Margaux Baralon , modifié à
Une amende forfaitaire de 200 euros pour usage de drogue est généralisée à partir de mardi. Si la mesure fait débat, elle séduit Yves Lefèbvre, ​secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO, qui y voit le début d'une réponse pénale encore trop faible et la possibilité de lutter contre le trafic.
INTERVIEW

Dissuader les usagers, lutter contre les trafiquants et permettre un redéploiement des forces de l'ordre vers d'autres missions : voici, à écouter Yves Lefèbvre, ​secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO, tous les avantages de la mise en place d'une amende forfaitaire pour usage de drogue. Dès mardi, toute personne majeure en possession de documents d'identité qui sera contrôlée avec une faible quantité de stupéfiant pourra se voir infliger une amende de 200 euros, avec inscription au casier judiciaire. Une mesure décriée mais que le syndicaliste juge appropriée.

"Cela va commencer à simplifier la procédure. Jusqu'ici, lors de l'interpellation de consommateurs, on avait une variable d'ajustement entre une dizaine d'actes procéduriers. Cela signifie la mobilisation de personnels pendant ce temps-là, des avis divers et variés et peu, voire jamais de réponse pénale", explique Yves Lefèbvre. Avec l'amende, "enfin, on va amorcer la réponse pénale qui manque cruellement aujourd'hui".

"Ralentir le marché et mettre un coin dans le trafic"

Par ailleurs, le policier mise sur un effet dissuasif. Ces amendes "serviront à ralentir le marché et, soyons optimistes, à mettre un coin sérieux dans le trafic. Moins d'acheteurs, c'est moins de vendeurs". Ne vaudrait-il pas mieux s'attaquer aux réseaux, plutôt qu'aux petits consommateurs, comme le plaident certains acteurs de terrain ? "Avant de taper dans les gros vendeurs, dans les dealers, il faut avoir des politiques bien plus courageux", balaie Yves Lefèbvre. "Il va falloir vouloir reprendre pied dans les quartiers, arrêter les zones de non-droit."

Selon lui, l'amende forfaitaire est donc "un premier système intéressant". "Si on obtient moins de mobilisation de policiers sur ces procédures, on pourra les redéployer pour véritablement s'attaquer au trafic et aux zones de non-droit." Yves Lefèbvre rejette également l'option de la légalisation de certaines stupéfiants, notamment le cannabis qui représente l'écrasante majorité des cas dans lesquels l'amende sera infligée. "Personnellement j'y suis opposé car on sait que commencer par la résine de cannabis est souvent un premier palier vers des drogues dures", affirme le syndicaliste.