"Amiante, 10 morts par jour. Les assassins courent toujours" : plus d'un millier de personnes ont manifesté vendredi à Paris pour dire leur "nausée", car 21 ans après l'interdiction de cette fibre cancérogène, aucun procès pénal n'est à l'ordre du jour. Rassemblés à l'appel de l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva), 1.100 manifestants selon la préfecture de police, venus de toute la France, ont défilé derrière une trentaine de silhouettes blanches figurant les morts de l'amiante - Cherifa G. 56 ans, Libera B. 59 ans, Janine B. 66 ans...-. La banderole de tête clamait "Amiante : pas d'impunité pour les empoisonneurs".
"La nausée" des associations de victimes. Mi-septembre, la Cour d'appel de Paris a annulé, pour la deuxième fois, la mise en examen des responsables nationaux dans deux affaires emblématiques de la fibre cancérogène, le campus parisien de Jussieu et les chantiers navals Normed de Dunkerque. Une vingtaine de dossiers en cours d'instruction au pôle santé de Paris risquent par ailleurs d'aboutir à des non-lieux. Ces décisions "nous ont donné la nausée", a dit au micro François Desriaux, vice-président de l'Andeva, en déplorant que ce "fiasco" judiciaire "se déroule dans l'indifférence" du monde politique.
S'adressant au gouvernement, il a insisté : "vous ne bougez pas, vous ne parlez pas et en plus vous êtes sourds". Mais "nous irons jusqu'au bout", en faisant appel et en allant en cassation, a assuré François Desriaux. Selon les autorités sanitaires, l'amiante est responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et 85% des mésothéliomes (cancers de la plèvre). Elle pourrait provoquer jusqu'à 100.000 décès d'ici à 2025.