"Plusieurs milliers" de migrants risquent de camper dans les rues de Paris cet été si plus de places ne sont pas créées pour les héberger, a averti Anne Hidalgo dans une lettre adressée notamment aux ministres de l'Intérieur et de la Justice, où elle lance des pistes de réflexion commune.
Les arrivées de migrants "en augmentation nette depuis le printemps". Le nombre d'arrivées à Paris est "en augmentation nette depuis le début du printemps" et "plus particulièrement depuis deux semaines", affirme la maire de Paris dans ce courrier envoyé vendredi.
Le rythme des départs des migrants, depuis le dispositif humanitaire ouvert porte de La Chapelle vers des centres d'hébergement plus pérennes (et relevant de l'Etat), n'est "pas suffisant", affirme-t-elle. Un campement "d'un millier de migrants" s'est reconstitué dans le nord de Paris, avec des "tensions à l'entrée" et des rixes qui "se multiplient".
"Une situation difficilement tenable". La situation est déjà "difficilement tenable en l'état" mais si les arrivées se poursuivent "sans augmentation du rythme des prises en charge", ce sont "plusieurs milliers de personnes qui seraient contraintes de vivre dans ces conditions indignes au sein de la capitale au cœur de l'été", ajoute Anne Hidalgo.
Elle plaide donc pour la création de nouvelles places d'hébergement "sur toute la France" avec l'ouverture "d'autres centres de premier accueil sur le modèle de celui de La Chapelle". En ce qui concerne les jeunes migrants qui se disent mineurs, dont le nombre "a doublé en un an", elle appelle à "nationaliser la procédure d'évaluation" de l'âge et de l'isolement familial.
Le Paris d'Hidalgo veut lancer des pistes de réflexion. Au-delà, Anne Hidalgo insiste sur "l'engagement" de sa ville à "s'impliquer résolument dans les initiatives nationales", en lançant des pistes pouvant servir de canevas à une réflexion commune.
Elle évoque ainsi la répartition dans toute la France des demandeurs d'asile, "inscrite dans la loi", l'intégration des réfugiés statutaires, notamment via les cours de français et la formation professionnelle, et enfin "une politique européenne ambitieuse en matière d'asile", que ce soit pour les critères d'examen ou la répartition des demandeurs.
"Construire une réponse collective". "L'ensemble de ces questions pourrait être partagé dans le cadre d'une instance associant étroitement les services de l'Etat, les collectivités locales concernées et les grands acteurs associatifs" ajoute-t-elle, et "animé par une personnalité ayant une légitimité de parole sur le sujet" afin de "construire une réponse collective".