Soldats tués au Mali : la mort "fait partie du code du soldat", témoigne un parachutiste d'élite

Les 13 cercueils ont été rapatriés grâce à un avion porteur de l'armée française © Etat-major des armées/ECPAD
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Maxime Dewilder

Après la mort de treize soldats français au Mali, le 25 novembre dernier, Wendy Bouchard recevait sur Europe 1 un fantassin dans un régiment d'élite de parachutistes. S'exprimant sous pseudonyme, le militaire n'élude aucune question.

Le 25 novembre, treize soldats français perdaient la vie au Mali, à la suite d'une collision entre deux hélicoptères en pleine opération antiterroriste. Lundi, un hommage national leur sera rendu aux Invalides, à Paris, en présence d'Emmanuel Macron. C'est dans ce contexte que Wendy Bouchard recevait, sur Europe 1, un fantassin dans un régiment d'élite de parachutistes.

Le militaire, rendu anonyme sous le prénom de Greg, se confie sur la réception de tels drames au sein de l'armée : "Dans les régiments, on en parle succinctement, on ne s’étale pas sur le sujet. Quand ça arrive, on a forcément de l’émotion mais lorsque l’on s’engage à servir, on nous dit que ça fait partie du code du soldat et qu’on peut aller jusqu’à l’engagement ultime, c’est-à-dire le péril de sa vie".

Entendu sur europe1 :
Des drames comme celui-ci nous remettent devant la réalité de ce que peut être cet engagement ultime.

Greg précise que la mort est "une notion théorique" mais que les militaires, forcément, "y pensent". "Des drames comme celui-ci nous remettent devant la réalité de ce que peut être cet engagement ultime", dit encore le soldat. Lui n'a pas servi au Mali mais il a connu les terrains non moins dangereux d'Afghanistan et de Centrafrique.

Un engagement total

L'engagement militaire, livrait Greg sur Europe 1, est total, dans les bons comme dans les mauvais moments : "Lorsque l’on s’engage dans l’armée, on s’entraîne pour faire ces différentes missions et lorsqu'on les réalise, qu’on en revient et qu’elles sont bien faites, il y a de la satisfaction. Mais il y a aussi cette deuxième partie où chacun partage les difficultés des autres, qui vont au-delà de l’engagement théorique".

Lundi, lors de l'hommage de la nation aux soldats tombés au Mali, qui aura lieu aux Invalides, Emmanuel Macron s'exprimera sur la conditions des militaires, les raisons de leurs combats et la notion d'héroïsme. Un discours "important" selon Greg qui apportait de la nuance tout de même : "Ce ne sont pas des héros, il s'agit simplement de faire son métier pour de bonnes raisons".

Unes de Charlie Hebdo : "Ça me fait mal"

L'hebdomadaire Charlie Hebdo, réputé acerbe et antimilitariste, n'a pas manqué l'occasion d'affirmer sarcastiquement l'engagement français au Mali, à travers des caricatures du dessinateur Biche.

Les dessins ont fait réagir. Le chef d'état-major de l'armée de terre a publié sur Twitter un message dans lequel il témoigne de sa "profonde indignation". Greg partage ce sentiment : "Ça me fait mal. On connait tous la ligne éditoriale de Charlie Hebdo néanmoins j’imaginais qu’ils allaient faire le lien entre cette opération militaire, l’opération Sentinelle et la lutte contre le terrorisme en France et ce qui leur est arrivé au nom du terrorisme".

Les boîtes noires des deux hélicoptères entrés en collision sont en cours d'analyse. Les premières réponses sur les circonstances précises de l'accident seront bientôt connues.