Après le "Ségur de la santé", les soignants déçus : "Je n'ai plus envie de me battre"

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Marion Gauthier, édité par Mathilde Durand

Au lendemain de la fin des négociations du "Ségur de la santé", certains membres du personnel soignant font part de leur déception face aux mesures annoncées. "Un coup de massue", dénoncent même des aide-soignantes de la Pitié-Salpêtrière interrogées par Europe 1. 

Ils ont jusqu'à lundi pour plancher sur le projet d’accord avec le gouvernement : les syndicats hospitaliers ont achevé les négociations du "Ségur de la santé" par un plan de revalorisation des métiers paramédicaux et non-médicaux. Parmi les mesures : une augmentation des salaires mensuels net de 180 euros, 15.000 embauches dont 7.500 créations d’emploi et une refonte des grilles de salaires. Mais pour le personnel soignant de la Pitié-Salpêtrière qu'Europe 1 a rencontré, toutes ces annonces restent floues et loin d'être satisfaisantes.

"Un coup de massue"

"Il y a l’épuisement de la gestion du Covid-19, il y a eu l’espoir du Ségur en se disant qu'enfin on reconnaissait notre valeur… Et jeudi c’est la chute", déplore Sabine, aide-soignante, dont on peut lire l'abattement dans les yeux. Les annonces sont ressenties "comme un coup de massue", après des semaines de tractations intenses.

Pour elle et sa collègue Manuella, 21 ans de service, ce 'Ségur de la santé' est la déception de trop. "Ça ne change rien là ! Deux fois 90 euros, super ! Donc on est les héros d’un jour et là on va vous donner des clopinettes, bravo ! Je me dis 'est-ce que j’ai encore envie de me battre pour ça ?' Non, je n'ai qu’une envie c’est de changer de carrière."

L'hôpital public en manque d'effectif

Elle ne serait pas la seule à se réorienter. De nombreux soignants restent à l'hôpital mais partent vers les établissements privés. Et les volontaires ne se bousculeront pas pour les remplacer, martèle Sophie Crozier, chef du service. "A l'Assistance Publique, on avait déjà eu ça, on a dit 'on va mettre 100 euros de plus pour les urgentistes'... ils en ont trouvé quelques-uns mais on n’a pas réussi à recruter tout ce qu’il fallait dans les services d’urgence", assure-t-elle.

"Parce que ça reste des salaires extrêmement bas par rapport à des responsabilités hyper importantes et à des conditions de travail que peu de gens, je pense, accepteraient aujourd'hui dans notre société", rappelle la chef de service. Difficile pour elle d’imaginer que les 15.000 embauches promises viendront effectivement renforcer les équipes de l’hôpital public.