"Fatigués" mais "en paix" : les seize premiers réfugiés syriens bénéficiant d'un "couloir humanitaire" dans le cadre d'un accord entre l'État français et des associations chrétiennes sont arrivés mercredi soir à l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle.
Enfin "en paix". "Pour la première fois depuis sept ans, je me sens en sécurité", lâche Nasser au sortir de l'avion en provenance du Liban, sous les applaudissements des familles et des associations venues l'accueillir. "En sept ans, je n'ai pas senti la paix comme aujourd'hui. Je vais enfin passer une bonne nuit", ajoute cet homme de 59 ans, originaire de la ville syrienne de Homs et réfugié au Liban depuis 2013. Demain, il s'installera à Pau avec sa femme, leur fils et leur fille en fauteuil roulant.
D'autres arrivées prévues. D'ici 2018, 500 réfugiés doivent être accueillis comme eux dans toute la France, comme le prévoit le protocole d'accord signé en mars entre l'État et trois associations catholiques et deux protestantes. Selon cet accord, les organisations chrétiennes financent l'accueil des réfugiés, l'État facilite lui l'octroi des visas et la reconnaissance du statut de réfugié.
Un accueil préparé depuis des mois. Isabelle Yard, 57 ans, enseignante dans un lycée agricole, est venue de Combas, un petit village de 600 habitants dans le Gard, pour accueillir Raphi et Racha, un couple d'Irakiens, et leur petite fille Perla, 15 mois. "Je suis particulièrement émue", glisse l'enseignante, les yeux rougis. "Un peu angoissée" aussi. Elle espère que la famille "ne sera pas déçue" en arrivant dans ce petit village "un peu isolé". Un collectif de 50 personnes s'est monté à Combas et prépare depuis "des mois" l'accueil de la famille de Raphi. "Certains donnent de l'argent, d'autres du temps. Un couple a mis à disposition sa maison", raconte Isabelle Yard.
Un accueil aussi juridique et culturel. L'accord prévoit une intégration "inclusive", détaille François Clavairoly, président de la fédération protestante de France. Les hébergeants doivent "loger, nourrir" mais aussi accompagner "juridiquement, culturellement", les réfugiés. La France est le deuxième pays européen, après l'Italie, à mettre en place ces "couloirs humanitaires" aériens avec des associations chrétiennes.