Un Afghan, interpellé à la suite d'un signalement indiquant qu'il était susceptible de préparer un attentat avant d'être relâché après moins de 20 heures de garde à vue, a été maintenu assigné à résidence, vendredi, par la justice administrative.
Quatre comptes Facebook. L'homme, qui dit avoir 30 ans, avait saisi jeudi le tribunal administratif de Versailles selon la procédure d'urgence du référé liberté pour contester cette assignation à résidence, alors qu'il ne fait l'objet d'aucune poursuite pénale. "Le tribunal administratif a rejeté notre recours, en relevant principalement l'existence de quatre comptes Facebook ouverts par mon client, dont l'un sur lequel apparaissent des photos de lieux et de transports publics", a déploré son avocat, Me Victor Zagury.
L'enquête toujours en cours. L'homme avait été signalé par une ressortissante britannique qui affirmait avoir été informée par sa famille résidant en Afghanistan. La femme avait contacté les gendarmes français, une alerte avait été donnée et la photo du suspect diffusée auprès des forces de police. Arrêté le 5 août à Paris, dans le 18e arrondissement, il a été relâché le lendemain en fin de matinée "en l'absence de charge venant corroborer ce signalement", avait indiqué une source judiciaire. Le ministre de l'Intérieur l'a toutefois assigné à résidence car "l'enquête n'est pas close et les investigations sont toujours en cours", avait indiqué jeudi la représentante du ministère lors de l'audience devant le tribunal administratif.
"Un signal fort". "Je ne fais pas de pronostic sur sa dangerosité, mais s'il représente une menace sérieuse, alors on le présente devant un juge d'instruction et on le place en détention provisoire. Or, ça n'est pas ce qui s'est passé. Le ministère de l'Intérieur veut jouer le rôle du procureur et du juge", s'est insurgé l'avocat de l'Afghan. À charge, selon le ministère, plusieurs profils Facebook ouverts par ce seul et même Afghan, dont l'un depuis la Turquie, "ce qui n'est pas rien" mais, "pour nous, un signal fort".
"Il y a des signaux qui montrent que, potentiellement, l'histoire peut être vraie", avait poursuivi la représentante de l'Intérieur, en évoquant des photos publiées devant des bâtiments et dans des transports en commun. "Vous voyez que ça interpelle! On ne peut pas dire que c'est absolument anodin...", avait-elle conclu. L'avocat de l'Afghan a dit "réfléchir" à interjeter appel de la décision.