En remontant les fréquentations de l'assaillant parisien Khamzat Azimov, les enquêteurs ont identifié "neuf amis", selon le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Abdoul Hakim A. est l'un d'entre eux. Connu des services de renseignement, l'homme a été interpellé dès le lendemain de l'attaque qui a fait un mort et quatre blessés le week-end dernier, dans le quartier de l'Opéra. Les enquêteurs espèrent désormais qu'il puisse éclairer la personnalité et les motivations de son ami, abattu par les forces de l'ordre samedi soir. Ils cherchent également à établir d'éventuelles complicités. Jeudi soir, Abdoul Hakim A. a été mis en examen et écroué, a appris Europe 1.
"Ils étaient tout le temps ensemble". Comme Khamzat Azimov, Abdoul Hakim A. est né en 1997, en Tchétchénie, sur le territoire russe. Élevés en France et naturalisés adolescents, les deux hommes se rencontrent à l'âge de dix-sept ans, en terminale ES, au sein du même établissement strasbourgeois. "Ils étaient tout le temps ensemble, au lycée et en dehors", témoignera auprès de l'AFP l'un de leurs anciens camarades de classe, les décrivant comme de "très bons amis".
En janvier 2017, les deux hommes se rendent à Paris pour le mariage religieux d'Abdoul Hakim A. avec une "jeune fille" qui nourrit le projet d'un départ imminent en Syrie. C'est par ce biais qu'ils sont repérés par les enquêteurs et fichés "S". Selon LCI, le profil d'Abdoul Hakim A. est jugé "intéressant" par la DGSI, qui le surveille de près. Khamzat Azimov est également entendu par la section antiterroriste de la brigade criminelle.
Employé à l'Office de l'immigration. Mais aucun indice suggérant la possibilité d'un passage à l'acte n'est identifié par les enquêteurs. En janvier 2018, Abdoul Hakim A. est employé en CDD à l'Offi (Office français de l'immigration et de l'intégration), à Strasbourg. À l'accueil, il occupe "un poste qui n'est pas à responsabilité", selon le directeur général de la structure, Didier Leschi. Son employeur ignore que le jeune homme au casier judiciaire vierge est fiché pour radicalisation. Son contrat est prolongé.
Le soir où Khamzat Azimov poignarde des passants dans le centre de Paris, Abdoul Hakim A. se trouve à Strasbourg, d'après ses relevés téléphoniques consultés par les enquêteurs. Dans la soirée, le jeune homme installe puis supprime plusieurs applications de messageries instantanées. Une heure avant l'attaque, il envoie à sa sœur la vidéo d'un chant djihadiste "souvent repris par l'État islamique", selon François Molins. Quelques heures plus tard, un compte Twitter relié à une adresse IP au nom de sa mère poste le message suivant : "Je t'aime Aki."
"Des vidéos avec un drapeau noir" de Daesh. Abdoul Hakim A. était-il au courant du projet macabre de son compère ? L'a-t-il assisté dans sa préparation ? Devant les enquêteurs, l'homme a formellement nié toute implication, prétendant n'avoir ni vu ni contacté Khamzat Azimov "depuis plusieurs mois". À son domicile de Strasbourg, la police a notamment trouvé des feuillets "comportant des inscriptions manuscrites en arabe", plusieurs clés USB et un "document listant des versets faisant référence à Allah". Interrogé, son père a indiqué avoir découvert "des vidéos avec un drapeau noir de l'Etat islamique" dans l'ordinateur de son fils.
Deux jeunes femmes interpellées
Deux jeunes femmes, proches de Khamzat Azimov et d'Abdoul Hakim A., ont été interpellées en région parisienne jeudi après-midi, a en outre indiqué François Molins. Aucun détail n'a pour l'instant filtré sur les éléments dont disposent les enquêteurs à ce sujet. Mais selon une source proche de l'enquête jointe par l'AFP, l'une des deux femmes est la jeune fille qui avait épousé Abdoul Hakim A. religieusement, aujourd'hui âgée de 19 ans.