Khamzat A., l'auteur de l'attaque au couteau de Paris, a-t-il été téléguidé par L'Etat islamique (EI) ? "L'enquête déterminera, mais on est plus dans une logique de terrorisme endogène avec des individus qui sont installés dans notre pays et qui frappent", explique Jean-Charles Brisard, président du Centre d’Analyse du Terrorisme, invité d'Europe 1 Matin. "Le profil du Tchétchène a pu attirer les recruteurs de l'EI parce qu'il a été en périphérie d'une filière d’acheminement de djihadistes en Syrie et en Irak en 2017", explique l'expert.
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Une opération "type Bataclan" toujours possible. "La DGSI [Direction générale de la Sécurité intérieure, ndlr] rappelle qu'en France, 7 à 8% des personnes impliquées dans les filières syrio-irakiennes sont d'origine tchétchènes", détaille-t-il au micro d'Europe 1. "C'est un vivier assez important, la proportion est significative. L'enquête commence et doit déterminer les circonstances exactes et le parcours de cet individu", ajoute Jean-Charles Brisard. Mais si elles sont de plus en plus fréquentes "ces dernières années", les actions individuelles ne signifient pas la fin des opérations d'envergure comme au Bataclan. "La menace exogène n'a pas disparu : même si l'EI a subi des défaites et à reculer sur le terrain, il est en train de recomposer ses forces à travers une myriade de filiales, de la Libye jusqu'à l'Asie du Sud-Est", détaille le président du Centre d'Analyse du Terrorisme.
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On voit des djihadistes, y compris Français, se repositionner vers ses filiales : on est dans une phase de transition, mais on va voir se recomposer les capacités opérationnelles de l'EI", détaille l'expert. "Daech passe d'un groupe terroriste à un véritable réseau".
Le débat des fichés S. Fiché S, les actes de Khamzat A. pose une nouvelle fois la question de l'utilité de ces fichiers. "Le problème c'est qu'on prête à ces fichiers des vertus et des rôles qu'ils n'ont pas", lance Jean-Charles Brisard. "Ce sont des outils de renseignements et de traçabilité d'individus pour les services de renseignement". "Ce sont des instruments passifs et n'ont aucun rôle opérationnel autre que d'être des marqueurs pour les services de renseignement et il n'y a pas de conséquences juridiques d'être fiché S", rajoute le spécialiste.
"Et c'est là que le débat mélange le vrai du faux parce que ces fichiers ne peuvent pas avoir de conséquences juridiques", dévoile-t-il. "On sélectionne les individus qu'on va suivre parce qu'on n'a pas les moyens de suivre tout le monde, il y a forcément des suivis imparfaits". "Mais il faut relativiser ses fichiers : puisque 60% des individus qui ont frappé en France depuis 2015 étaient inconnues au moment de leur passage à l'acte", relativise-t-il.